La saga de Siloé. Jésus et la fête des Tentes (Jean 7,1 - 10,21)

Luc Devillers
Sagrada Escritura - reviewer : Yves Simoens s.j.
Ce livre condense un thèse plus volumineuse, consacrée au même texte, parue dans les Études bibliques, n. s. 49, en 2002. Son intérêt consiste à honorer les requêtes de l'exégèse classique dans le traitement rigoureux des questions de critique textuelle (ainsi pour Jn 7,1; ou 9,9: le fameux: «Moi, je suis», prononcé par l'aveugle guéri) et des recherches rédactionnelles. Mais l'A. se révèle également sensible au rapport à l'Ancien Testament selon ses différentes traditions (cf. la note 19, p. 57). Ainsi est-il conduit à valoriser «la grande richesse symbolique et théologique» (p. 78) du quatrième évangile. Attentif à la récurrence d'expressions et de termes, il manifeste des structures appelées «septénaires» (p. 66-67, 72 par ex.), au service du sens et de l'interprétation. Beaucoup de ces procédures dépendent de l'exclusion de Jn 7,53 - 8,11, jugé inauthentique (La femme adultère: qu'est-ce qu'on en fait alors?), comme de la limitation inférieure de l'ensemble à 10,21, au nom de la mention en 10,22 d'une autre fête: la Dédicace. Ces décisions sont à soupeser.
D'autres publications du même A. proposent une organisation d'ensemble à laquelle on peut ne pas souscrire non plus. Mais l'orientation de fond est féconde, pour les raisons évoquées. Le sujet des «Juifs», translittérés par Ioudaioi, est traité avec finesse et prudence. Il faut s'en réjouir dans le concert de tant de publications simplificatrices à cet égard. Selon ces optiques nuancées et complémentaires, la lecture suit le texte pas à pas. Pour s'expliquer sur le titre, après une introduction, le chap. 1 aborde: «Histoire et fête des Tentes». Le chap. 2: «La manifestation du Messie caché (Jn 7)», met en relief, entre autres, la dynamique du «caché»-«manifeste», déjà repéré par ailleurs. Le chap. 3: «La source d'eau vive (Jn 7,37-52)», revient sur certains des versets les plus riches et les plus discutés de cette section. Le chap. 4: «La lumière et la liberté (Jn 8)», n'élude pas les questions brûlantes.
«La paternité du diabolos» (p. 117-121) fait l'objet d'une réflexion serrée. Il n'y apparaît peut-être pas assez que tout projet homicide, quel qu'il soit, passe par et dépasse la responsabilité humaine, selon tout ce que la Bible en dit avec netteté. Le chap. 5: «Jésus et l'aveugle-né (Jn 9)», finit par bien mettre en relief: «La Sagesse qui illumine» (p. 160-163). Compte tenu de l'angle majeur de l'étude, le chap. 6: «Jésus et Siloé», creuse avec bonheur la thématique de l'envoi. En respectant l'enchaînement de Jn 9 et 10, le chap. 7: «Le pasteur qui donne la vie», montre bien le sens de ce rapport entre l'épisode de l'aveugle guéri et l'énigme du pasteur qui suit. Une conclusion générale ressaisit les axes des conclusions partielles qui viennent clore chaque chapitre. Non seulement donc une étude fouillée et savoureuse - ce qui est rare - d'un texte-clé, mais aussi une introduction précieuse à l'évangile selon Jean. - Y. Simoens sj

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