Fruit d’une collaboration poursuivie depuis quelques années déjà entre la Fujen Catholic University (Taipei) et l’Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve), ce colloque est le cinquième d’une série consacrée à l’histoire du christianisme en Extrême-Orient et plus précisément en Chine, avec une attention particulière à la figure du pionnier que fut Vincent Lebbe (1877-1940), missionnaire lazariste belge devenu citoyen chinois et fondateur là-bas de deux congrégations religieuses.

De la dizaine de communications ici rassemblées, quelques-unes ont une portée plus générale : le contraste entre la situation très minoritaire des communautés catholiques en Asie et l’importance de leur présence dans les diverses sociétés ; les défis d’une désoccidentalisation du christianisme et d’une sinisation qui cependant ne se laisse pas définir par les diktats de l’actuel pouvoir politique en Chine ; la contribution de Jean Bruls (S.A.M.) et de la revue Église vivante aux évolutions de la pensée missiologique, de l’après-guerre à l’après-concile. Deux chapitres examinent des initiatives de V. Lebbe : comme journaliste et fondateur d’un quotidien généraliste de langue chinoise, puis comme éditeur de livres de chants liturgiques. Rappelant, pour sa part, le caractère intrépide et les prises de position prophétiques de Lebbe, le doyen de la Faculté des lettres de Fujen s’interroge : s’il vivait aujourd’hui, ne serait-il pas le premier à répondre à l’appel du pape François à aller aux frontières ?

Trois études concernent spécifiquement le christianisme à Taiwan : après une croissance rapide des communautés catholiques (1950-1970), suivie d’une stagnation, les atouts et faiblesses de la situation pastorale actuelle ; l’attitude des Églises à l’égard des rites traditionnels des populations aborigènes ; le soin des lépreux, de la période japonaise à nos jours. Le recueil se referme sur une méditation biblique sur l’amitié, thème que Matteo Ricci situait déjà au cœur des contacts entre christianisme et société chinoise. — J.S.