De quelle manière est-il possible de dépasser la séparation
dramatique entre la raison et la foi? L'hypothèse qui commande
l'étude de Carmelo Dotolo consiste dans une tentative de saisir le
conflit d'interprétation de l'époque contemporaine marquée par la
rencontre et la collision entre modernité, post-modernité et
sécularisation. Face à la thèse, plus connue, du rapport entre
modernité et christianisme, considérés comme s'excluant
mutuellement, et de la lecture qui en découle d'une post-modernité
caractérisée par la «mort de Dieu», on peut repérer un autre
parcours. Celui-ci récupère l'intentionnalité théologique de la
sécularisation comme principe herméneutique et l'utilise pour une
confrontation entre l'incomplétude de la modernité et la réaction
nihiliste de la post-modernité, en vue d'une nouvelle solidarité
entre la raison et la foi, entre la théologie et la philosophie.
C'est le thème que développent les six premiers chapitres du livre.
Partant de cette constatation, la seconde partie de l'ouvrage
consacre cinq autres chapitres à l'analyse de la pensée de Gianni
Vattimo et de son pensiero debole (une pensée consciente
de ses limites). Cette vue lui paraît l'expression emblématique de
la crise que vit notre époque. Elle constitue une provocation pour
la réflexion théologique, grâce surtout à la relecture que ce
philosophe fait du principe de la sécularisation en tant qu'espace
ouvert à une reconsidération de la relation entre l'héritage
chrétien et une pensée consciente de ses limites. Alors,
réinterpréter la théologie à partir de la sécularisation revient à
se mettre à l'écoute de la révélation qui donne à penser, parce
qu'en elle la mémoire du Dieu de Jésus-Christ devient une réserve
critique contre la mort de l'homme.
L'A. conclut: «S'appuyer sur la tradition vivante de la foi
chrétienne est donc le sens de l'herméneutique pour la théologie.
Celle-ci montre alors la force révolutionnaire de la mémoire de
Dieu et révèle que rien, dans la foi et dans la vie, ne peut être
passivement assumé ou donné comme prévu. La foi sera toujours un
défi parce qu'elle oblige à penser et à vivre. La théologie
fondamentale se contente d'être l'écho intelligent de ce défi, afin
que soient dépassées la non-croyance et la croyance non fondée» (p.
441).
Une bibliographie détaillée complète ce travail remarquable qui
suppose, pour une lecture vraiment profitable, une sérieuse
initiation aux penseurs actuels. On regrettera, çà et là, des
fautes d'orthographe dans des noms propres , v. g. Ricouer au lieu
de Ricoeur ou Malvez à la place de Malevez. - L. Renwart, S.J.