La théologie fondamentale selon Henri de Lubac

J.-P. Wagner
Teología - reviewer : Georges Chantraine
La thèse, soutenue à l'Université de Strasbourg par J.-P. Wagner, devenu depuis lors maître de conférences à la Faculté de théologie catholique de cette université, examine une question de premier ordre: qu'est-ce que la théologie fondamentale selon H.L.? Quels sont les rapports entre la crédibilité de la foi et l'intelligence de la foi, ou entre l'apologétique et la théologie? quels sont les rapports entre philosophie et théologie? Enfin qu'est-ce que la philosophie chrétienne selon H.L.? J.-P. W. prend pour point de départ de son examen la leçon inaugurale d'octobre 1929 à la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Lyon.
Il étudie sous différents aspects à travers toute l'oeuvre de l'A. la manière de traiter ce problème au début du siècle (19-36), l'influence de Blondel et de Teilhard (37-66), le lien entre l'unique fait du Christ et les religions païennes (67-91); la critique de l'humanisme athée chez Nietzsche et Proudhon (95-122), le rapport entre nature et surnaturel (123-148), l'humanisme de H.L. notamment selon son étude de Pic de la Mirandole (149-171). Après ces six chapitres, il en vient directement à son sujet: la connaissance de Dieu (175-200), «mystère et paradoxe, les exigences du langage théologique» (201-228) et la théologie fondamentale où s'inscrivent l'expérience de l'A. et la connexion des disciplines appartenant à la théologie (exégèse, tradition, ecclésiologie, Dieu, philosophie) (229-251). Une conclusion et une bibliographie terminent cette étude sérieuse qui n'a pas d'index (21-91).
Des textes de H.L. qu'il a analysés en les comparant quelquefois à ceux d'autres théologiens, J-P.W. se sert habilement pour mettre en évidence l'idée de la théologie telle que l'a conçue son A.: la connaissance de Dieu se reçoit de la Révélation connue par le Christ et l'Église et s'acquiert par le dialogue avec les pensées des hommes sur Dieu, sans que ce dialogue puisse se terminer ici-bas ni se clore sur lui-même (261-265). La question délicate concerne ce qui règle l'autonomie de la philosophie par rapport à la théologie: une fois la Révélation définitive achevée, cette autonomie peut-elle provenir de l'affirmation de la raison par elle-même? Ou bien est-elle reçue du don du Dieu qui se révèle? Selon la réponse à cette question, on critiquera ou non H.L. de ne pas s'être accordé avec des philosophies modernes (Kant, Heidegger) (253-254) et d'avoir taxé de «néo-joachimisme» diverses théologies de l'espérance ou théologies politiques (256-257). Largement conçue, bien structurée, la thèse de J.-P. W. a rassemblé des textes majeurs éclairant la théologie fondamentale et a contribué à la mieux connaître.- G. Chantraine, S.J.

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