Thomas de Vio Cajetan (1469-1534) connaît encore de beaux jours,
comme l'illustre cette publication issue de l'Institut univ.
St-Pie x de Paris qui édite pour la première fois une
trad. française (à côté du texte latin bien sûr) du commentaire que
Cajetan fit jadis de la toute première question de la
Sommethéologique de St Thomas d'Aquin. La 4e de
couverture ne s'en cache pas : la théologie du Doctor
communis représente « la norme la plus sûre après
celle du Magistère », et « son principal héritier »
fut Cajetan. Son commentaire de la q. 1 est, de l'estime de l'abbé
Gleize, « un lieu classique, un passage obligé pour qui veut
se faire une idée tant soit peu précise de la conception thomiste
de la théologie » (p. 11). On est ici très loin de considérer
le commentaire cajetanien de St Thomas comme un
véritable corruptorium Thomae, selon l'expression
restée célèbre d'Étienne Gilson. La « brève
bibliographie » nous replonge tout droit dans l'univers
préconciliaire hostile au renouveau thomiste (Boyer, Gagnebet,
Guérard des Lauriers, Hugon…). D'ailleurs, l'étude la plus récente
qui soit retenue date de 1947. L'introd. de l'abbé Gleize s'achève
sur une condamnation en règle du concile Vatican ii dont
« le grand péché initial » est d'avoir abandonné la
philosophie de St Thomas. Le p. Garrigou-Lagrange est abondamment
convoqué dans l'argumentation de l'abbé et, sans surprise mais non
sans tristesse, nous constatons à nouveau que le p. de Lubac est
cité à contresens et accusé sommairement d'hypocrisie. - M.-G.
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