Le divan et le prie-Dieu. Psychanalyse et religion

M. Romanens
Psicología - reviewer : Hubert Thomas
L'heure est au dialogue et le livre de G. Ringlet a encouragé Marie Romanens à mettre en état d'écoute mutuelle la psychanalyse et la religion. Ce thème a déjà fait l'objet de bien des publications. La pensée de Freud et de Jung sur la religion est connue et les expériences relevant de chacune des démarches ont été mises en relation (Beirnaert, Bellet, Vasse…). Le propos de M.R. n'est pas d'apporter du neuf mais plutôt d'exprimer une synthèse personnelle. C'est, pourrait-on dire, «le point où j'en suis». Psychanalyste d'inspiration surtout jungienne, elle veut dépasser la mésentente et les clivages. Pour cela, elle explore les mécanismes inconscients qui, de part et d'autre, peuvent rendre compte d'une méfiance réciproque. Ceux-ci ne sont pas qu'individuels, ils travaillent aussi les institutions tant ecclésiales que psychanalytiques et produisent la «dérive imaginaire».
Cependant, la mésentente peut être dépassée. Sous l'oeil de la psychanalyse, la voie religieuse est à même de reconnaître les méfaits d'une certaine éducation, l'enlisement dans une religion fonctionnelle et l'utilisation de la religion au service des défenses psychiques. Elle ne peut que gagner à cette chute des idoles. Par ailleurs, du côté «psy», on assiste, selon l'A., à une ouverture où les théories et les pratiques remises sur le métier sortent des carcans et de l'impensé freudiens. Dès lors, sont mises au jour les analogies entre l'expérience analytique et le cheminement de la foi, et, l'A. de se demander si la perspective de la théologie négative ne constituerait pas une terre de croisement incontournable.
Cet ouvrage, réfléchi et accessible, ouvert sur des «témoignages», apporte une très bonne synthèse sur les questions soulevées. On peut toutefois se demander s'il ne conviendrait pas au départ de mieux déterminer la visée propre de chacune des expériences. Quant à l'apophatisme, le bénéfice de l'ouverture risque de se perdre dans une foi exténuée. Lorsque le chrétien proclame son Credo, doit-il penser que chacun des articles n'est qu'un leurre pour échapper au vertige de l'inconnaissance radicale ? S'il est vrai qu'il vise toujours au-delà des formules, sa foi n'est pas un cri. D'autre part, la voie jungienne n'est-elle pas surestimée comme lieu de réconciliation? La dimension de révélation ne s'y trouve-t-elle pas trop résorbée dans l'archéologie psychique? Questions. Encore. - H. Thomas, O.S.B.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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