Un éclairage d'un type nouveau sur les origines du christianisme à
partir du judaïsme du Ier siècle. L'A. est un jeune docteur d'Aix
en Provence en histoire des religions et Master of Arts en histoire
juive de l'Université Bar Ilan d'Israël. Il est actuellement chargé
de cours et maître de conférence à Marseille et Aix en Provence.
Plus qu'un ouvrage de synthèse, il nous présente une suite d'études
ou de monographies très pointues sur un certain nombre de faits ou
d'événements qui manifestent à la fois les rapports et les ruptures
entre le judaïsme rabbinique en genèse et le christianisme
naissant.Une introduction claire et précise décrit le contexte
socio-historique du pays sous occupation romaine et sous la férule
des Sages par rapport auxquels des groupes judéo-chrétiens et des
observants religieux appelés «peuples de la terre» (amei-ha-aretz)
prennent leur distance comme mouvements hétérodoxes. La méthode de
l'A. est d'abord celle de la sociologie religieuse. Après cela,
différentes études se succèdent, basées sur des textes talmudiques
choisis analysés selon une méthode philologico-historique: autorité
et personnalité des Sages, rencontres particulières entre juifs et
chrétiens, mentions talmudiques des évangiles et «livres des
Minim», controverse entre Gamaliel et un juge judéo-chrétien à
propos de la notion d'accomplissement, relations entre Sages et
«peuples de la terre», avec un examen de deux synagogues Naveh et
Doura-Europos. Une conclusion générale et une très riche
bibliographie qui couvre 34 pages achèvent de donner à ce précieux
volume sa frappe scientifique.
Ce livre nous permet de mieux mesurer la situation de face à face
entre juifs et chrétiens comme les bouleversements profonds
occasionnés par leur séparation aux deux premiers siècles de notre
ère. Cependant, tout est loin d'être clair, et l'A. doit souvent
faire appel à son imagination pour tenter une reconstruction fiable
des événements. Comme le souligne Fr. Blanchetière dans sa préface:
«Remises en question, interrogations, déconstruction, essais
d'hypothétiques restitutions se succèdent et se multiplient au
bénéfice d'une meilleure connaissance du monde palestinien à l'orée
de l'ère commune et sous la domination romaine, au bénéfice d'une
plus sérieuse compréhension des origines du judaïsme rabbinique et
de celles du mouvement des disciples du Rabbi Jésus de Nazareth.»
(p. II).
Malgré ces incertitudes, l'ouvrage de l'A. apparaît plein de
probité, avec un souci d'objectivité, et les méthodes utilisées
demeurent rigoureuses. Les historiens des origines de l'Église,
comme les exégètes chrétiens et juifs ne pourront négliger de se
plonger dans la lecture de cet important ouvrage qui fait honneur à
la collection qui l'héberge. - J. Radermakers sj