Le mystère du surnaturel, éd. F. van Groenendael, F. Clinquart et L. Renard
Henri de Lubac s.j.Teología - reviewer : Albert Chapelle s.j.
Notre destinée consiste dans la contemplation de Dieu face à face. Pour fonder la gratuité de cette destinée, il faut fixer la portée du desiderium naturale videndi Deum. Pour H. de L., c'est un désir «absolu, inefficace et inconnu» (p. VIII-IX). Avec l'érudition et la sûreté de style qui le caractérisent, H. de L., en théologien et en historien de la théologie, marque l'insuffisance de la théorie de la nature pure. Avec plus d'audace que Maréchal (cf. spéc. p. 235-238), plus en affinité avec Rousselot et Blondel, Lubac plaide «pour une gratuité réelle» du surnaturel. C'est sous une forme paradoxale que le mystère du Surnaturel est exposé aux chapitres 6 à 9. L'accomplissement auquel tend l'homme d'un «désir inconnu» de lui-même lui est accordé comme le donum perfectum, la donation parfaite, absolument gratuite de l'Amour qui le prévient et l'initie à une entière réciprocité.
Il paraît difficile d'exagérer l'importance de ce volume dans l'histoire de la théologie contemporaine. Même s'il fut traduit en plusieurs langues (p. XI n. 54), il n'eut pas le retentissement du «Surnaturel» (1946). Il est cependant plus lisible, construit et nuancé. Au moment où Gaudium et Spes, sans les canoniser, avalisait pratiquement les enseignements de Lubac, celui-ci dessinait avec maîtrise les contours de la doctrine traditionnelle de la nature et de la grâce. Il montrait quand, comment et par qui cette pensée avait été obscurcie avant d'être plus ou moins timidement renouvelée (déjà Gratry). Un livre magistral, parfaitement réédité. - A. Chapelle, S.J.