Le portrait de Paul selon Luc dans les Actes des apôtres

J.C. Lentz
Sagrada Escritura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Ce livre a paru d'abord en langue anglaise, à Cambridge en 1993. Le propos de l'A., pasteur de l'Église presbytérienne, est intéressant: évaluer l'authenticité du portrait de Paul tracé par Luc dans les Actes des apôtres. Pour ce faire, il s'efforce d'étudier le statut social de l'Apôtre et le degré de moralité que révèle sa vie. Il montre Luc dépeignant Paul comme une brillante personnalité, d'une vie morale élevée. Comment procède-t-il? Il commence par définir les critères du statut social et de la moralité en se basant sur des études sociologiques récentes; entrent en ligne de compte: le sexe, le lignage, l'éducation, la citoyenneté romaine, la profession, la richesse, sans parler du langage propre à la personne. Ensuite, il parcourt le livre des Actes: Paul y apparaît tout ensemble comme citoyen romain, homme d'éducation grecque et de formation pharisienne, ce qui lui procure un statut social aisé, personnage d'élite, doué d'une vertu éprouvée.
L'A. poursuit son étude en s'attaquant à la difficile question de l'historicité du procès de Paul tel que décrit par Luc. Pour cela, il analyse la juridiction romaine dans les territoires hellénistiques, et il accumule les données tirées de l'histoire des procédures en cours dans l'empire romain: rhétorique, juridique, loi romaine et statut social, privilèges de juridiction fondant un appel à l'autorité supérieure, protection d'un citoyen contre la coercitio d'un fonctionnaire, références aux lois «Valeria, Porcia, Julia». Selon lui, Luc en Ac 16 et 22 aurait conféré à Paul le beau rôle en le faisant se prévaloir de la citoyenneté romaine, démontrant qu'il n'était pas un citoyen ordinaire. L'A. discute encore les appels de Paul au tribunal de l'empereur: provocatio ou rejectio? Il s'étend enfin sur le voyage du prisonnier vers Rome et sur les frais occasionnés par celui-ci, soulignant encore une fois le statut social élevé de l'Apôtre, qui lui donnait un réel pouvoir sur les autorités romaines. Conclusion de l'A.: le récit lucanien relève moins d'un souci historique que du désir de faire partager au lecteur l'admiration qu'il voue à son héros.
En raison des multiples renseignements fournis sur le milieu social du Ier siècle et sur les procédures juridiques de l'empire, ce livre rendra de grands services aux exégètes de l'oeuvre lucanienne comme aux historiens de l'apôtre Paul. Dommage que la littérature citée soit presque exclusivement anglaise ou américaine; on eût aimé que l'éditeur fasse référence à des ouvrages français de qualité comme ceux de S. Légasse, É. Cothenet, J.-N. Aletti, M.-É. Boismard ou J. Taylor. - J. Radermakers, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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