Je ne crois pas me tromper en disant que cet ouvrage est du genre
« essai », où l'A., spécialiste de l'histoire du monde
anglo-saxon et, pour faire bref, de tout ce qui touche aux
Réformes, a rassemblé tout un acquis accumulé au fil de ses
recherches sur une période assez originale. Certes, Réformés
protestants, de tous horizons, ne marchaient pas tous d'un même pas
- Luther n'est pas Calvin -, y compris en voulant se
positionner face au catholicisme. Mais là n'est sans doute pas
l'essentiel. En donnant notamment des portraits de figures majeures
tant protestantes (p. ex. Théodore de Bèze) que catholiques
(p. ex. François de Sales), l'A. nous montre que, durant les
quelque neuf décennies où fut d'application l'Édit de Nantes
(1598-1685), la France connut une coexistence finalement assez
pacifique entre deux conceptions de la foi chrétienne, que devait
détruire la révocation du même Édit par Louis xiv. Si le livre
mérite d'être lu pour son apport historique, il peut également
éclairer nos contemporains sur les rapports que peuvent et doivent
entretenir les différentes traditions qui se réclament du message
évangélique. À mon sens, il permet en effet de comprendre avec plus
de finesse les contours des confessions catholique et protestante
et surtout de ne pas les figer dans des approches par trop carrées,
et ainsi peut-être s'enrichir mutuellement. Ajoutons à cela que
l'ouvrage est plaisant à lire. - B.J.