Le vrai visage de Marthe Robin. Histoire du procès de canonisation

Bernard Peyrous
Biografías - reviewer : Alban Massie s.j.

À Rome, le 7 nov. 2014, la Congrégation pour la cause des saints reconnaissait « l’héroïcité des vertus » de Marthe Robin qui devenait ainsi « vénérable », première étape vers une éventuelle béatification. Le 8 oct. 2020, les éditions du Cerf publiaient La Fraude mystique de Marthe Robin, livre posthume du carme flamand Conrad de Meester, expert pendant la phase diocésaine du procès (1986-1996). Marthe Robin, objet de la vénération de milliers de catholiques, devenait tout à coup une « plagiaire » coupable de « fraude mystique ». Le lendemain de la sortie du livre, la Congrégation pour la cause des saints, se fendait d’un communiqué rappelant que le rapport du père de Meester, source du livre, était déjà intégralement publié dans la Positio et que le livre n’apportait donc rien de neuf. Le père Bernard Peyrous, qui est quand même le meilleur connaisseur du « dossier Marthe Robin » puisqu’il a été le postulateur de la cause, a voulu mettre les débats en perspectives et le rapport de Meester à sa juste place. Nous voici donc devant un plaidoyer qui ne se veut pas pro domo mais servir la science historique et rendre raison de la figure de Marthe Robin et de son influence dans l’Église au cours du xxe siècle.

Il raconte ici l’histoire du procès de canonisation, qui a mobilisé 26 experts et 800 témoins (1e partie). Le nombre élevé des témoins explique pourquoi l’auteur a voulu aussi donner la parole à celles et à ceux qui ont connu Marthe Robin et qui ont témoigné au procès (2e partie). Espérant grâce à ces témoignages inédits aider les lecteurs à découvrir « le vrai visage de Marthe Robin », il reprend et commente, quelquefois succinctement, les pièces rédigées par le père Conrad de Meester qui furent publiées en 2020.

Bien entendu, la figure du père Finet apparaît au long de cet ouvrage d’historien, avec ses propres zones d’ombre. L’institution des Foyers de charité aussi et leur développement montrent Marthe Robin comme une figure d’intériorité et non de manipulation. L’usage d’une langue empruntée à des auteurs divers est-elle caractéristique d’un mensonge ? Pour l’A., « il est incroyable par exemple que le père de Meester n’ait pas pris en compte les travaux du père Bernard, de Marie-Thérèse Gille et de Sophie Guex sur la manière dont Marthe composait » (p. 129-130 ; sur cette question voir aussi p. 106-107). Très importantes à cet égard sont les pages où Bernard Peyrous dresse un catalogue de « FAQ » et répond aux questions légitimes après le brouhaha causé par le livre du p. De Meester : sur les rapports de Marthe avec le père Finet ; sur la maladie de Marthe ; sur l’absence d’examen médical complémentaire ; sur une double vie de Marthe ; sur son œuvre littéraire, ses emprunts et un appel éventuel à des secrétaires ; sur les attaques de Marthe par le démon ; ses rapports avec les Foyers ; ses stigmates ; sa mort ; les causes de sa mort ; les questions qui demeurent (p. 103-113).

Chacun jugera à partir de ces pièces apportées au dossier médiatique du procès de Marthe Robin. Aux historiens d’en tirer des conclusions : « comme historien, je peux tout croire, mais il faut qu’on me le prouve » (p. 45). — A. Massie s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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