Leçon de non-violence pour David. Une analyse narrative et littéraire de 1 Samuel 24-26, postf. J.-P. Sonnet

Sophie Ramond
Sagrada Escritura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Les chapitres 24 à 26 du premier livre de Samuel constituent un petit bijou littéraire serti dans l'histoire de David; ils nous éclairent aussi sur la «non-violence active» dans ses fondements bibliques. Une religieuse de l'Assomption, philosophe et théologienne, a consacré à ces chapitres un essai manifestant une profonde intelligence du texte et une sensibilité délicate pour les sentiments qu'il évoque à travers une intrigue astucieusement construite par l'auteur biblique. Ce volume est l'écho fidèle de sa thèse doctorale défendue à l'Institut catholique de Toulouse, dont un résumé a paru récemment (cf. NRT 129 [2007] 304).
«Comment Abigayil la finaude donna à David une magistrale leçon de non-violence active»: ainsi pourrait-on intituler la thèse. Cette femme, en effet, mariée à une brute du nom de Nabal, qui refusait de dédommager les preux de David ses protecteurs, prit l'initiative de se montrer généreuse envers David à la place de son homme, lui donnant des provisions pour son escouade, et rendant le bien pour le mal. Du coup, Nabal mourut, frappé par Dieu, et David épousa Abigayil qui avait démontré tant de sagesse. Et alors qu'il avait défié Shaül, son persécuteur dont il voulait se venger, David devint lui-aussi magnanime: s'étant introduit dans le camp du roi Shaül, il s'abstint de toute vengeance et, à son tour, l'invita à faire la paix. Incident banal, peut-être, mais la composition consommée de ces trois chapitres ménage des effets de sens pour que l'intrigue du récit se déroule aussi à l'intime du lecteur, compte tenu de l'action divine. Le jeu subtil de persuasion du lecteur grâce à la connivence du conteur deutéronomiste est heureusement mis en relief par l'A. avec un grand tact psychologique et un respect de la lettre du texte qui forcent l'admiration. Nous entrons ainsi quasi de plain-pied dans un dialogue feutré avec l'auteur biblique, dans un concert à plusieurs voix (rîb). Ce qui se passe dans le texte déteint sur le lecteur, intégré lui-même à l'action racontée, malgré sa récalcitrance.
Souhaitons que ce modèle d'analyse narrative devienne un guide d'interprétation biblique pour de nombreux étudiants. Un bel essai dont la postface de J.-P. Sonnet souligne le mérite. - J. Radermakers sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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