À l’occasion du 25^e anniversaire de l’exhortation post synodale Ecclesia in Africa de Jean-Paul ii, une dizaine de contributions regroupées deux par deux autour de cinq axes (inculturation, écologie, sexe-genre-féminité, ministères, analyses sociopolitiques) cherchent à faire le point. Les divers apports manifestent à la fois l’heureuse réalité d’une théologie africaine comme sa diversité, à l’image de la théologie mondiale. Ses questions, tout en lui étant propres, rejoignent celles de toute l’Église. Le titre « entre fidélité et invention » dit l’enjeu pour l’Église en Afrique aujourd’hui. La première contribution rappelle l’apport de théologiens comme J.M. Ela, E.-J. Penoukou et L. Santedi Kinkupu. Elle souligne l’importance de la théologie pour l’inculturation. Critique de manière un peu unilatérale, elle fait peut-être la part trop belle à l’« inventivité ». Le second article réfléchit à l’inculturation de la liturgie en se penchant sur le rite eucharistique congolais. Il souligne avec force l’importance d’avoir des rites qui parlent à la culture locale. Il semble cependant oublier que le rite chrétien s’enracine dans la culture du Christ qui, pour toute autre culture que celle du Sauveur, donc aussi occidentale, fut d’abord étrangère. En ce qui concerne la question écologique, un état des lieux de la réflexion est fait en citant de nombreuses références bibliographiques. La proximité avec l’Église sud-américaine est mise en évidence. Le concept d’Église-famille est élargi à toute la création. Dans les deux articles suivants, l’urgence de respecter et de promouvoir la femme ainsi que la domination indue des programmes de santé occidentaux sont soulignées. Dans la quatrième partie, le ministère des laïcs est pensé à partir de l’Église-famille de Dieu et de l’exemple des bakambi mis en place dans le diocèse de Kinshasa. La réflexion peine cependant à parvenir à une véritable communion entre clercs et laïcs qui respecte leurs grâces propres. Enfin, les deux dernières contributions présentent une lecture socio-économique de la situation d’une part et un rapide bilan sur l’aspiration à la justice et à la paix de l’autre. Un plaidoyer est lancé pour que les clercs s’engagent plus concrètement dans le travail économique comme l’apôtre Paul. Au final, l’ensemble du livre offre une plongée bienfaisante dans la réalité ecclésiale et théologique de l’Afrique sub-saharienne. Il laisse percevoir l’importance des exhortations et du travail qu’il reste à faire pour l’Afrique et toute l’Église. — B.d.B.