Nos lecteurs connaissent bien Michèle Morgen, bibliste, professeur à l'Inst. Catholique de Paris, puis à la Faculté de théologie catholique de l'Univ. Marc Bloch à Strasbourg où elle enseigne présentement, spécialiste des écrits johanniques. En 1993, elle publiait sa thèse doctorale sur la sotériologie johannique sous le titre Afin que le monde soit sauvé (Lectio divina 154). Déjà en 1988, elle nous avait offert un intéressant Cahier Évangile n° 62 sur les épîtres de Jean, commentaire succinct à la portée de tous. Elle reprend ici le travail, de manière beaucoup plus fouillée: un commentaire scientifique réassumant les intuitions premières, mais consciencieusement élaborées suivant les déterminations de la nouvelle collection qui lui offre l'hospitalité.
Une introduction en dix points situe les trois épîtres johanniques et traite en bref des questions qu'elles posent à la recherche. Ensuite, l'A. délimite dans le texte 24 péricopes pour lesquelles elle nous donne une traduction proche de l'original grec, une bibliographie choisie, suivie d'une interprétation du passage et des notes plus techniques relatives à la critique textuelle ou littéraire. L'A. propose alors un plan détaillé de la première lettre (p. 36), établi suivant la thématique du demeurer propre à Jean. Après le prologue affirmant que Dieu est lumière (1,1-5), se distinguent trois parties: «Le connaître - demeurer en Lui» (1,6-2,29); «Demeurer en Lui et avoir la vie par l'amour» (3,1-4,61); «Demeurer dans l'amour de Dieu» (4,7-5,12). L'épilogue concerne l'accueil de la vie éternelle (5,13-21).
Chemin faisant, l'A. s'attarde aux moindres aspects du texte, dans une analyse rigoureuse, soucieuse de justification. Les rapports entre la lettre et l'évangile de Jean sont soigneusement notés; elle suit généralement les positions de R.E. Brown dans La communauté du disciple bien-aimé (Cerf, 2002). Par moments, elle fait halte pour élucider certaines expressions typiques: le paraclet (p. 70-71); la convoitise (p. 95-96); l'antichrist (p. 109); «le péché, c'est l'iniquité» (p. 128-130); le discernement des esprits (p. 160-161); «personne n'a jamais vu Dieu» (p. 184-185). Référence est faite fréquemment à la littérature intertestamentaire, éclairante elle aussi.
Ce savant commentaire doit beaucoup aux autres commentateurs, mais un meilleur contact avec G. Giurisato (Rome, 1998) et P.-M. Jerumanis (Gabalda, 1996) eût été profitable. On aimerait aussi l'originalité d'un souffle plus personnel, comme nous l'avait fait espérer le Cahier de 1988. Peut-être les exigences de la collection ont-elles fonctionné un peu comme un carcan. De toute manière, les exégètes de Jean ne pourront s'abstenir de le consulter assidûment. - J. Radermakers sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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