Liturgia e spiritualità. Profilo storico

L. Artuso
Liturgia y pastoral - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Dans sa présentation, A. Catella donne quelques réflexions intéressantes. Jusqu'au début du XXe s., on n'a guère vu dans la liturgie qu'un rite extérieur, une pratique sans rapport avec le mystère du Christ et incapable d'alimenter notre vie spirituelle. C'était un simple devoir à accomplir. Le «mouvement liturgique» a voulu faire accéder les fidèles à son sens profond et à la richesse de ses textes pour renouveler la vie chrétienne. On a approfondi la nature du rapport entre spiritualité et liturgie en soulignant que cette dernière ramène la vie du croyant à son centre: la célébration du Dieu-Amour en la personne du Fils qui nous divinise par l'Esprit Saint, lequel conduit l'assemblée chrétienne vers Dieu.
Dans sa Conclusion, L. Artuso, capucin et professeur de spiritualité liturgique, rappelle que les rapports entre liturgie et spiritualité furent mouvementés jusqu'à Vatican II qui accepta, dans la liturgie, la nouveauté religieuse et culturelle. Il divise l'histoire de ces rapports en deux grandes parties: avant et après les débuts du XXe s. Deux moments capitaux sont mis en valeur: vers 1300 en Hollande, la devotio moderna et, au XXe s., la diffusion du «mouvement liturgique». La devotio moderna essayait de corriger le liturgisme rituel par une spiritualité personnelle, intérieure, contemplative, fondée sur l'expérience spirituelle de chaque chrétien, alors que la liturgie devenue affaire des clercs, était de moins en moins comprise par les laïcs.
Au XIXe s., dom Guéranger arriva jusqu'au seuil de la compréhension de la spiritualité de la liturgie en lançant des idées et des expériences qui aboutirent plus tard au «mouvement liturgique». Ce sont deux Belges, dom L. Beauduin (1873-1953) et dom M. Festugière (1870-1950) qui explicitèrent cette spiritualité après le motu proprio de Pie X sur la liturgie en 1903 et critiquèrent les déformations de la piété par l'individualisme, l'ascétisme, le sentimentalisme et les dévotions. Leurs attaques dressèrent critiques et opposition des conservateurs jusqu'à nos jours. Il est bon de nous rappeler qu'en Occident la fracture entre liturgie et spiritualité s'accrut avec la progression de la pensée scolastique qui s'éloignait de la Bible pour favoriser le raisonnement. La liturgie souffrait de la conceptualisation excessive de la vérité révélée, alors qu'elle est elle-même «action», célébration d'un mystère, norme de vie chrétienne. La spiritualité liturgique se meut entre deux extrêmes: «mémoire des origines» et réalité historique actuelle. Le monde et les idées évoluent continuellement. Notre début du XXIe s. n'est déjà plus celui du XXe s.; la communauté célébrante et les valeurs humaines ont changé, la liturgie a progressé, mais l'accueil anthropologique a rencontré de nouvelles difficultés et mis en avant d'autres exigences. Aujourd'hui la spiritualité liturgique risque de devenir la propriété de quelques privilégiés parce que le peuple de Dieu se sent étranger aux grandes réalités qui sous-tendent la célébration: gratuité du salut, christianisme centré sur la Trinité et capacité d'émerveillement devant la célébration du mystère. Dans une culture qui privilégie la créativité et l'innovation, la spiritualité liturgique ne peut se limiter à un ancrage dans le passé. Elle a besoin de nouveaux projets, alors que théologiens et liturgistes ont besoin, eux, de courage et d'imagination. Cette conclusion sans équivoque donne le ton de ce livre bien pensé, clair et à la portée du grand public. - B. Clarot, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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