Lutero e i linguaggi dell'Occidente, éd. G. Beschin - F. Cambi - L. Cristellon

Col.
Un congrès s'est tenu à Trento, ville au croisement des mondes latin et germain, en l'an 2000, peu après la déclaration commune luthéro-catholique sur la justification. La lecture de Luther dans le monde catholique a connu une forte évolution. J. Vercruysse en dessine les étapes les plus importantes, qui vont depuis les études de H. Denifle (point de vue historique, mais polémique) et de H. Grisar (plutôt psychologue) à celle de L. Lortz (intéressé aux contextes historiques de la germanité), puis aux études qui naquirent à l'approche ou à la suite de Vatican II (H. Küng, O.H. Pesch, P. Manns) où la polémique s'éteignit progressivement. Un chemin donc de réconciliation, ou du moins de respect.
Pour P. Ricoeur, dans le premier texte de l'ouvrage, il est temps d'étudier Luther avec une grande rigueur herméneutique, c.à-d. en remontant à l'intention de sa pensée, antérieurement à la polémique, en s'inspirant pour cela des paradigmes de la traduction (le passage d'un monde à l'autre est d'accueil et d'esprit avant d'être de technique) et de pardon («il y a mieux en toi» que tes coups de voix…) réciproque. Une première série de textes s'attache aux thèmes de Luther, fils du nominalisme qui, écartant l'ontologie formelle de la révélation, rendit la théologie attentive à Dieu agissant dans l'histoire. Al. Ghislaberti montre comment Aristote avait été mis en débat par la culture nominaliste. G. Pani dégage ensuite l'originalité théologique de Luther pour lequel la théologie est avant tout un commentaire de l'Écriture, reflétant ainsi «une manière diffuse de penser» (p. 25) qui devait cependant s'épanouir encore en thèmes théologiques. S. Rostagno interprète l'extra nos luthérien en forme de gratuité de Dieu dans l'histoire; la sotériologie, qui écarte l'ontologie de la quête du sens, éveille à la dynamique de la différence et de l'équilibre des contraires. Avec Luther, prennent ainsi place des thèmes qui ne sont sans doute pas sans s'enraciner dans la psychologie du réformateur. Celui-ci avait été formé par la lecture de Biel qui lui transmit un sens pesant de la culpabilité; mais, selon M. Galzignato, la justification pouvait ainsi devenir une véritable «bonne nouvelle».
Une seconde série de textes s'intéresse à l'aspect linguistique de Luther, par exemple à l'impact qu'eut sa traduction de la Bible sur le monde germanique. Une troisième série s'attache à l'influence de Luther sur les arts (selon J. Erichsen, «Luther ne peut être confondu avec les iconoclastes» [p. 257]). Une quatrième et dernière série montre comment Luther a nourri la théologie occidentale: K. Barth (G. Bof), G.W. Leibniz (A. Poma: la raison leibnizienne, en recherche de paix et de concorde, est plus pratique que théorique), S. Kierkegaard (A. Gallas - si les oeuvres ne précèdent pas la foi, elles doivent quand même la suivre). Il nous est impossible de faire mémoire ici des 22 conférences du congrès; on pourra cependant deviner, à partir de nos brèves notes, que leur publication constitue une belle somme sur Luther, et un bel appui pour une écoute plus profonde des événements qui ont marqué douloureusement l'histoire de l'Église. - P. Gilbert, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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