Maxime le Confesseur, médiateur entre l'Orient et l'Occident

Jean-Claude Larchet
Teología - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Maxime le Confesseur (580-662), moine oriental, dut s'exiler en Occident lors de la querelle monothélite et vécut à Carthage puis plusieurs années à Rome, ce qui lui permit de connaître la pensée occidentale. Au VIIe s., les problèmes entre Orient et Occident ne se posaient pas avec la même acuité qu'aujourd'hui, on ne doit pas l'oublier et lors de son exil, l'Église de Rome était le seul des cinq Patriarcats à s'opposer au monothélisme, ce qui a influencé les jugements de Maxime.
J.-Cl. Larchet a choisi trois problèmes essentiels pour approfondir la pensée de Maxime et montrer en quoi celui-ci favorise le dialogue oecuménique. Pour ce faire, l'A. a dû regrouper les textes épars sur le Filioque, le péché originel et la primauté romaine. On peut résumer sa pensée comme suit: 1.- Sur le Filioque, Maxime dédouane la pensée occidentale en montrant que même Cyrille d'Alexandrie a jugé cette position acceptable, c'est-à-dire que l'Esprit peut procéder du Père par le Fils, le Père demeurant l'unique source de sa procession et le Fils n'en étant pas cause. Mais à l'époque thomiste surtout, les Latins accepteront la théorie augustinienne qui confond, dans la Trinité, les plans théologique et économique, alors que ce ne fut pas la pensée générale avant et même longtemps après Augustin. 2.- Sur le péché originel, l'essentiel du désaccord réside dans ce qui est transmis. Pour l'Occident, c'est le péché adamique lui-même et une certaine responsabilité, tandis que pour l'Orient, ce ne sont que les conséquences (passibilité, corruption, mort). Pour Maxime, Dieu avait prévu un engendrement spirituel; le plaisir sensible est fruit du péché avec une volonté affaiblie. Le baptême est un engendrement spirituel qui nous fortifie contre les tentations. Né virginalement, Jésus n'a pas hérité du péché originel, mais a pris sur lui certaines de ses conséquences.
3.- Pour la primauté romaine, on reconnaît actuellement que depuis le IXe s., l'Occident a considéré la primauté papale autrement que les siècles précédents, en lui donnant un tour juridico-politique (pouvoir, supériorité, centralisme). En outre, les théologiens latins ont malheureusement voulu réinterpréter dans ce sens l'histoire des premiers siècles de l'Église pour justifier leur position, provoquant un durcissement opposé en Orient. La pensée de Maxime est très importante car elle vient d'un homme bien informé sur les deux positions au VIIe s. L'A. commence par analyser la pensée de Maxime à propos de onze affaires ecclésiales de son époque, puis en tire une synthèse doctrinale. Pour lui, Rome est vénérable et occupe la première place parmi les Églises avec une «certaine» autorité en matière de foi. Mais il s'agit de l'Église de Rome prise collégialement, dans les synodes et les conciles. Pour elle, comme pour toutes les Églises, c'est la confession de foi «orthodoxe» (véritable) qui compte avant tout, en accord avec la Tradition basée sur les Écritures, les apôtres, les conciles et les Pères. Selon Maxime, l'Église «catholique» est celle qui possède l'intégrité de la foi, mais celle de Rome est faillible comme les autres de son époque. C'est la conscience spirituelle, éclairée par Dieu et la tradition, qui est le critère ultime de l'appartenance à l'Église «catholique», laquelle pourrait fort bien se réduire à un seul individu à l'occasion. La pensée de Maxime a été et demeure d'un grand poids dans le dialogue oecuménique. Ce travail fouillé vaut la peine d'être lu. - B. Clarot, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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