Les exégètes des universités de Manchester et de Lausanne se sont
rencontrés au cours d'un colloque en 1996 pour discuter de
narrativité. Selon les organisateurs, le fondement de l'analyse
narrative est l'axe de communication dont les trois éléments sont
l'auteur, le message et le lecteur. Les actes de ce colloque sont
répartis en trois sections: Ancien Testament, Nouveau Testament,
textes apparentés. Les textes analysés sont les suivants: Gn 34,1 -
35,5 et 49,5-7, le rapt de Dina et les diverses réactions qu'il
suscite (J.-D. Macchi); l'histoire de Joseph, un écrit subversif de
la diaspora (Th.C. Römer); le cadre narratif originel de nombreuses
lois et dits de sagesse (B.S. Jackson); la révolte de Jéhu, «revue
et corrigée» (2 R 10,7-10a) (R. Tomes); le schéma mission -
exécution de la mission - réaction dans certains récits
prophétiques (J. Applegate); l'épisode de Jésus qui marche sur les
eaux (Mt 14,22-33) et sa fonction de pivot dans l'évangile de
Matthieu (J.M.C. Scott); le procédé d'intercalation d'un récit dans
un autre dans l'évangile de Marc (F.G. Downing); la fonction de la
topographie et en particulier de Béthanie dans l'évangile de Jean
(A. Rakotoharintsifa); le personnage de Pilate dans le même
évangile de Jean (Ch.M. Tuckett et M.C. de Boer): pour le premier,
ce personnage est décrit avec peu de sympathie et pour le second,
il se contente d'affirmer à contrecoeur que Jésus est le «roi des
Juifs»; l'image de Dieu dans les Actes (D. Marguerat); le roman de
Joseph et Aséneth (G.J. Brooke); le Testament de Joseph (J.-D.
Kaestli); la figure de Pilate dans la Guerre juive et les
Antiquités juives de Flavius Josèphe (H.K. Bond); les Actes de
Thècle (S. Nolan); les Reconnaissances pseudo-clémentines (K.
Cooper); l'Apocalypse de Paul (P. Piovanelli). Les articles sont
accompagnés d'un résumé en français et en anglais et le volume est
muni des index d'usage.
Les articles sont certes très variés et tous intéressants. Il me
semble toutefois que le titre de l'ouvrage est assez trompeur parce
que le volume ne contient en réalité que très peu de véritables
analyses narratives. Les références aux travaux classiques sur le
sujet sont rares, voire parfois complètement absentes. Même le
manuel de D. Marguerat est peu cité. De plus, la narration n'est
pas simplement un acte de communication entre un auteur et un
destinataire au travers d'un message, ce qui caractérise toute
communication verbale, non verbale ou écrite (cf. R. Jakobson),
mais plutôt la présence d'un narrateur et d'une trame. Or, ces
articles utilisent très peu ces catégories essentielles, pour ne
pas en mentionner d'autres. Est-ce partie remise? - J.-L. Ska, S.J.