M. Dubost, l’actuel administrateur apostolique du diocèse de Cayenne, eudiste et évêque émérite d’Évry, est un habitué des situations délicates de l’Église, tout en osant s’y engager et y demeurer pleinement : c’est pourquoi, quand il écrit un livre dont le titre clame que l’Église est à réformer, on a envie de le lire.

Toutefois, est-ce un nouvel ouvrage sur le thème à la mode de la réforme structurelle de l’Église face à la crise des abus ? Il n’en est rien car l’A. ne vient pas simplement ajouter une voix supplémentaire à écouter dans la tourmente, il propose un beau pas de côté, plein de la hauteur nécessaire à la réflexion, en appuyant son propos sur la figure fondatrice de sa congrégation : St Jean-Eudes. Ce dernier a effectivement vécu dans une période de troubles et Michel Dubost montre en quoi Jean-Eudes est inspirant en dix-neuf thématiques spirituelles formant autant de courts chapitres sur Dieu, l’homme, la création, la prière, l’amour ou encore le quotidien. Ceux-ci s’ouvrent systématiquement par une longue citation du Magistère récent de l’Église, de Vatican ii au pape François, qui donne la tonalité de la question abordée. C’est ensuite que l’A. transpose la situation exposée à St Jean-Eudes, dont les œuvres sont abondamment citées et actualisées ici. Chaque chapitre se clôt enfin par une courte synthèse pour réfléchir plus directement à la réforme de l’Église.

L’ensemble forme ainsi un bel ouvrage qui ne choisit pas la voie des extrêmes mais celle de la réforme la plus profonde : nous-mêmes, appelés à être des hommes libres, acceptant d’être aimés par Dieu. Car, comment répondre aux questions de nos contemporains « si, d’abord, on n’apprécie pas ce goût pour la liberté et l’amour ? » (p. 48). — I.P.d.L.G.