Thèse de doctorat préparée sous la direction de Max Turner, l'ouvrage s'inscrit dans le débat contemporain sur la christologie paulinienne, dominé par deux questions: comment la foi juive de Paul affecte notre compréhension de sa christologie? Y a-t-il des évidences pour affirmer une christologie divine? Différents arguments traditionnels appuient la thèse de la christologie haute: les titres christologiques; l'attribution à Jésus de versets de l'AT qualifiant yhwh; l'expérience paulinienne du Ressuscité. D'autres voies ont été explorées que l'A. évalue de façon critique. Ainsi, la christologie paulinienne de G. Fee (cf. NRT 131, 2009, p. 309) ne tiendrait pas assez compte de la sotériologie, s'en tenant avant tout à la préexistence et aux titres «fils de Dieu» et «Seigneur». ou encore, l'approche très suggestive de L. Hurtado (cf. NRT 133, 2011, p. 649), qui argumente à partir du fait incontesté de la dévotion rendue au Christ, serait ébranlée par certaines traditions du judaïsme du second Temple où d'autres figures intermédiaires, humaines ou angéliques, font l'objet, elles aussi, d'un culte.
L'A. entend proposer une voie nouvelle par l'analyse de «l'ensemble des données concernant «la relation du Seigneur Ressuscité aux croyants» (p. 7). En parlant de «relation», et non pas uniquement de dévotion, il complète l'intuition de Hurtado par celle de R. Bauckham pour qui la transcendance unique de yhwh s'exprime avant tout dans sa relation unique à la Création et à Israël. En privilégiant une approche globale il aboutit à un «ensemble» (pattern) convaincant de données relationnelles, qui n'a d'autre équivalent que ce qui est dit de Dieu lui-même. Après une lecture suivie de 1 Co 8-10 (où la relation au Christ est le principe de solution pour discerner les idoles), le coeur de la démonstration (chap. 6) relève 8 traits caractéristiques de la relation au Christ dans le discours paulinien. Reprenant alors des textes juifs où un culte est rendu à des figures intermédiaires, l'A. montre que le discours paulinien sur le Christ s'en distingue nettement. Le chap. 11 mis en appendice offre une belle ouverture. L'A. invite à sortir de la dichotomie Jésus historique/Christ de la foi. Si Bauckham avait renouvelé le débat à partir de la notion de «témoin» (cf. NRT 130, 2008, p. 811), de manière plus fondamentale encore, la notion de relation fait se rencontrer l'histoire et la théologie. La relation au Christ, en effet, n'est-elle pas à la fois l'origine et la raison d'être de la tradition sur Jésus et de sa transmission?- S. Dehorter

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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