On ne peut que recommander la lecture de cet ouvrage qui permet de mieux cerner une dimension de l'action de Paul VI de même que de la vie de toute l'Église dans le prolongement de Vatican II. On se souvient des rencontres entre Paul VI et le patriarche Athénagoras, à Jérusalem en 1964, et à Istanbul et à Rome en 1967, ou encore de la levée des excommunications réciproques en déc. 1965. Et il ne faudrait pas oublier que le dialogue ainsi relancé prit aussi la route du patriarcat de Moscou et d'autres Églises. Voilà qui ouvrait des perspectives en vue de renouer des liens fortement distendus. Et c'était là un nouveau chemin, où l'anathème n'était plus l'unique mot d'ordre de part et d'autre. Il avait fallu des hommes aussi exceptionnels que les deux principaux protagonistes, en particulier Paul VI qui, bien avant son élection, s'était déjà montré vivement intéressé par l'unité de l'Église, et qui osa aborder de front les questions fondamentales, telles que la place de l'évêque de Rome et l'accès réciproque aux sacrements, en particulier l'Eucharistie.
Les difficultés au sein même de l'Orthodoxie ne manquaient pas, tiraillée qu'elle était par bien des dissensions, en particulier dans les pays où elle vivait alors sous la férule soviétique. Si l'ouvrage insiste beaucoup sur les dimensions proprement religieuses qu'il convenait de revisiter à nouveaux frais, on peut se demander si les aspects «politiques» i.e. les liens que tant le catholicisme que l'orthodoxie entretinrent au fil des siècles avec les pouvoirs en place - n'auraient pas dû être plus pris en compte par les partenaires. En d'autres termes, alors que le catholicisme a, plus ou moins contraint, dû prendre ses distances d'avec les différents régimes politiques, on peut douter qu'il en fut de même du côté de l'Orthodoxie.
En outre, à la suite de la lecture de cet ouvrage, on peut aussi s'interroger si, encore à l'heure actuelle, une difficulté majeure dans le dialogue entre Rome et l'Orient ne vient pas de ce que, alors qu'assez spontanément le catholicisme reconnaît que l'Orient fait partie intégrante de la richesse de la foi chrétienne, il n'en va peut-être pas exactement de même du côté orthodoxe. Posons la question autrement: du côté latin, on trouverait tout à fait naturel que l'évêque de Rome célèbre l'Eucharistie, élément fondamental de la foi chrétienne, en rite oriental (pour faire bref); mais serait-il concevable que le patriarche de Constantinople ou quelque autre haut responsable du monde oriental fasse de même en rite latin? - B. Joassart sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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