L'ouvrage est monumental, puisqu'il collecte 57 contributions de 51
collaborateurs du Canada, de France, de Belgique, mais aussi de
Rome ou de Suisse. Il se présente en deux grandes sections, l'une
consacrée à la théologie pratique elle-même, l'autre, à ses actes
fondateurs. La première section s'interroge d'abord sur ce
«nouveau» vocable. La théologie pratique désigne, depuis F.-D.
Schleiermacher, «la science positive qui consiste à résoudre des
tâches pratiques en développant des règles de l'art en vue de
l'accomplissement réfléchi de toutes les tâches inhérentes à la
'direction de l'Église'» (B. Kaempf, 9-10). Comme le note M. Viau,
«aucun autre champ d'études théologiques n'adopte les pratiques
comme objet matériel, hormis peut-être la théologie morale qui le
fait par un autre biais» (44). Du côté francophone, on pense que
«la théologie pratique aurait la tâche difficile, mais
fondamentale, de nouer la gerbe en vue de l'action. Il y a quelque
chose de synthétique en elle, ce qui la rapproche sur ce point de
la dogmatique. Le domaine de l'ecclésiologie en est le meilleur
exemple» (H. Mottu cité par K. Blaser, 209); la typologie dite de
l'Église naissante (marturia, leiturgia, koinônia, diakonia) vient
alors au premier plan (M. Viau, 243). Ainsi rapprochée de la morale
et de la dogmatique, la théologie pratique n'est pas pour autant
séparée des Écritures inspirées, puisque l'un de ses instruments
d'analyse consiste dans ces «récits de vie» (J.-M. Donegani, 105)
qui forment bien entendu l'initium de l'Histoire sainte elle-même
(«Dieu dit à Abraham…», Gn 12,1) et de l'intrigue qui s'en suit,
jusqu'au bout du Nouveau Testament.
Selon la deuxième section, les actes fondateurs de la théologie
pratique consistent d'abord à «proclamer» l'Évangile, puis à
«célébrer» les temps et les identités; ensuite, il s'agit de
«développer» (c'est-à-dire, gouverner et accompagner) personnes et
institutions et enfin, de «soutenir» l'action solidaire dans
l'espace social. Lire la Bible est donc la première pratique
fondatrice, celle qui permet, selon la suite des articles, de faire
résonner la Parole en catéchèse ou dans la prédication, aussi bien
que de communiquer dans les médias de masse ou de témoigner, «par
la faillibilité de l'expérience et du langage des humains». Ainsi,
la tâche propre de la théologie pratique est bien de «s'intéresser
à la pratique, au libre partage et à la dimension révélante du
témoignage, et non seulement à l'orthodoxie de son contenu» (J.-G.
Nadeau, 436). Plus qu'un «précis» au sens classique du terme,
l'ouvrage devient espace de référence, où s'atteste «un savoir qui
ne se sait pas» (L. Gagnebin, 199), mais cherche à modifier le
monde, dans les limites de ce que nous sommes (M. Viau, 52). - N.
Hausman scm