Comment un philosophe peut-il, faisant rigoureusement découvrir
l'austère philosophie d'Edith Stein, porter à la prière la plus
savoureuse? Le ton est donné dès les premières phrases: «le premier
geste de la prière, avant le premier mot ou la première pensée,
c'est cela: fermer les yeux, se mettre à l'écart au moins par
l'esprit, se tenir là pour Dieu seul, libre des choses et des gens»
(24). Chacun des quinze chapitres donne la parole au nouveau
docteur de l'Église, et le commentaire, servi par un style limpide,
ne quitte jamais son intimité: «La douleur vécue est vraie. Le
désespoir vécu est vrai. Mais est vrai lui aussi l'amour, plus fort
que la mort mais peut-être plus fragile que la vie ordinaire…»
(74). La très cohérente pensée d'E. Stein se fait prière, dans le
moment où elle engendre une pensée qui poursuit la sienne au
singulier: «vivant ainsi, je deviens moi-même selon le plan divin,
et je suis mon chemin unique, qui croise celui de tous les autres
et qui, en même temps, conduit avec eux vers l'unique but» (87). Un
très bel exercice de repos dans l'unité. - N. Hausman, S.C.M.