Que l'homme puisse créer. L'humanisme de Gaston Fessard, s.j.

Michèle Aumont
Filosofía - reviewer : Hubert Jacobs
On connaît la valeur et l'ampleur de l'oeuvre à la fois philosophique et théologique du Père Gaston Fessard sj, décédé en 1978. Cependant elle n'a guère eu jusqu'ici l'audience qu'elle mérite tant, comme le dit M.A., «les difficultés de compréhension, d'interprétation et d'explication» sont grandes. L'A. du présent ouvrage mérite donc beaucoup de gratitude pour avoir élaboré cette présentation, à la fois sérieuse et accessible, de la «richesse dialectique du grand jésuite». N'oublions pas, comme elle nous le rappelle, que de Kojève à Raymond Aron, de Gabriel Marcel à Jeanne Hersch, de nombreux penseurs ont admiré chez le P. Fessard non seulement la puissance de l'argumentation, mais aussi celle d'une «synthèse tant historique qu'humaniste». Grâce à l'A., le P. Fessard pourra de plus en plus bénéficier de l'accueil qu'avant lui ses amis, le P. Teilhard de Chardin et le P. de Lubac, ont déjà reçu. L'A. n'a pas connu le P. Fessard de son vivant. Mais cette découverte tardive de sa pensée l'a conduite, grâce à des guides éclairés et au prix d'un acharnement intellectuel méritoire, à en devenir l'un des interprètes les plus assurés.
Trois parties partagent cette étude: 1. La filiation ignatienne du P. Fessard; 2. L'humanisme ignatio-fessardien; 3. Les perspectives spécifiquement fessardiennes. À la simple lecture de ce programme, on se rend compte combien l'A. peut nous aider à découvrir l'un par l'autre ces deux personnages d'exception que furent saint Ignace de Loyola et son disciple. L'écriture est dense mais clairement construite. L'ouvrage, qui a pris à l'A. dix ans de travail, l'a amenée à une redéfinition de sa propre existence dans la mesure même où elle se trouvait de plus en plus séduite par les perspectives ignatio-fessardiennes. Ainsi la prise de conscience de son propre itinéraire spirituel et intellectuel a été le fruit du soin rigoureux qu'elle a mis à entrer dans l'oeuvre du P. Fessard et, par lui, dans la découverte de saint Ignace de Loyola. À s'en rendre compte, le lecteur comprendra mieux et donnera davantage, peut-on espérer, son accord au plaidoyer fessardien et ignatien que présente son travail. Sa conclusion est en effet que saint Ignace et le P. Fessard «proposent un humanisme universel, ouvert et en marche», capable de fasciner les jeunes, car en prise sur les problèmes de notre temps. - H. Jacobs sj

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