Inutile d'insister longuement: Vatican II fut un événement majeur
de l'histoire contemporaine de l'Église, et même de l'histoire
générale. Et ce n'est un mystère pour personne que, dès avant son
ouverture, il fit - et fait encore de nos jours - l'objet
d'interprétations fort diverses. Et ce n'est pas terminé, d'autant
que les études le concernant se multiplient. Parmi celles-ci, il y
a la grande entreprise qui couvre cinq volumes importants, dirigée
par G. Alberigo, parue notamment en français sous le titre Histoire
du Concile Vatican II. 1959-1965 (Cerf-Peeters, 1997-2005), ou
l'ouvrage d'A. Marchetto, Il concilio ecumenico Vaticano II.
Contrappunto per la sua storia (Libreria Editrice Vaticana, 2005)
qui rassemble des critiques - pas toujours amènes - de cette
Histoire et d'autres ouvrages, parus dans divers organes. Les AA.
de ce petit ouvrage (paru en 2009 en italien) - qui ont tous
collaboré très activement à l'Histoire d'Alberigo -, ont voulu
revenir sur l'événement et livrer certaines de leurs réflexions à
ce sujet: G. Ruggieri, Réception et interprétations du concile
Vatican II. Les raisons d'un débat; Chr. Theobald, Enjeux
herméneutiques des débats sur l'histoire du concile Vatican II; J.
A. Komonchak, Benoît XVI et l'interprétation de Vatican II; P.
Hünermann, Le «texte». Un complément à l'herméneutique de Vatican
II; A. Melloni, Petit guide pour évaluer Vatican II. Par cet
énoncé, on voit rapidement que l'ouvrage peut intéresser tout un
chacun, en étant bien conscient que l'expression de la pensée des
auteurs est parfois, si on me permet ce néologisme, un peu
«méandrique». Pour ma part, il me semble qu'il est intéressant de
l'aborder en s'attardant plus spécialement sur la contribution d'A.
Melloni: un tel bilan historiographique - fort riche d'informations
- me paraît être une bonne porte d'entrée dans l'approche du
Concile, en particulier pour les générations qui n'ont pas connu
l'événement. Celle de J.A. Komonchak est aussi digne d'un grand
intérêt, puisqu'il reconnaît une «continuité» d'interprétation
entre l'entreprise d'Alberigo et ses collaborateurs et le discours
de Benoît XVI devant la curie romaine le 22 décembre 2005. Voilà
qui peut encourager à vraiment faire sien tout le trésor que fut le
Concile. Car - que l'on rejoigne ou non toutes les positions des
AA. -, un des intérêts de l'ensemble est précisément de faire
percevoir que ce Concile fut, sans doute avec des limites, une
merveille pour l'Église et qu'en définitive il n'y a aucune raison
d'en avoir peur. - B. Joassart sj