L’ambition de cet essai est actualisante : montrer comment La Cité de Dieu éclaire l’ecclésiologie de Vatican ii. À partir du texte débattu de De civitate Dei XX,9, l’A. aborde l’ouvrage d’Augustin par la notion clef de « règne ». Le recours à d’autres écrits permet de comprendre la dimension sacramentelle de l’Église, qui est le Règne du Christ et anticipe le Règne définitif de Dieu le Père. L’histoire est orientée vers cet eschaton et animée par la prière : Adveniat regnum tuum. L’examen du thème des deux cités – l’une se convoque elle-même, l’autre est appelée par Dieu — permet de vérifier la dimension sacramentelle et eschatologique de la Cité de Dieu en pèlerinage sur la terre. Il ne s’agit donc pas de promouvoir un modèle théocratique hérité de Constantin. Le rôle de l’Église est, plutôt, de dilater la caritas divine dans le monde, un amour exprimé visiblement et socialement dans le culte eucharistique universel. L’histoire apparaît comme un temps de libre conversion à l’amor Dei.

L’ouvrage montre ainsi l’actualité de La Cité de Dieu et de la théologie augustinienne, et le lien avec d’autres œuvres apporte des éclairages intéressants. On exprimera toutefois plusieurs regrets. La littérature secondaire est, finalement, plus citée que le texte augustinien lui-même : l’A. suit principalement Ratzinger, Grossi et Lettieri, il s’oppose à Markus et Subilia. La structure globale du De civitate Dei, pourtant fort significative, n’est pas examinée, et la première grande partie de l’œuvre presque ignorée. Enfin, comme le reconnaît l’A., il serait utile d’examiner les fondements bibliques du De civitate Dei, ce pour quoi une référence aux travaux d’I. Bochet aurait été bienvenue. — M. Bernard