Neal Lozano est conférencier laïc américain qui exerce avec son épouse un ministère de délivrance depuis trente-cinq ans. Cet ouvrage fait suite à son livre précédent Délié : guide pratique de la délivrance (EdB, 2014) dans lequel il propose une approche non-confrontationnelle de l’exorcisme en cinq étapes : la repentance et la foi, le pardon, la renonciation, l’acceptation de l’autorité et la bénédiction du Père. Pour l’A., si l’on comparait l’exorcisme avec la chirurgie, réservée aux médecins, la prière de libération, très pratiquée dans le monde évangélique américain, se rapprocherait alors de la physiothérapie, une médecine douce que chaque laïc est invité à pratiquer.

L’A. montre bien comment le péché nous enracine, avec le temps, dans une spirale qui réduit toujours davantage notre liberté, parfois au-delà de notre capacité à résister, et comment les baptisés sont appelés participer à accomplir la volonté de Dieu qui appelle ses enfants à retrouver leur liberté dans le Christ. Le but de la délivrance est de supprimer les peurs et les mensonges auxquels nous adhérons et qui nous empêchent de croire que le Christ est le Seigneur.

On pourrait cependant s’interroger, à l’instar du bureau des exorcistes de France, sur le risque de conclure trop rapidement à une influence du démon, ainsi que sur la pertinence de promouvoir une méthode clé-sur-porte pour encourager les laïcs à pratiquer la prière de libération sans mandat explicite de l’évêque.

On pourrait aussi regretter que la distinction opérée en annexe entre ministère privé et ministère public pour encourager les laïcs à prononcer des paroles de commandement malgré les mises en garde claires de Rome tienne davantage du plaidoyer et de l’autojustification que d’une argumentation théologique et ecclésiologique rigoureuse. Tout comme l’invitation à retrouver les armes du combat spirituel gagnerait à mettre davantage en évidence la pratique catholique des sacrements, des sacramentaux, de la pénitence et des prières d’intercession à la Vierge marie aux anges et aux saints, plutôt que de se limiter à inviter les baptisés à redécouvrir leurs « charismes perdus » ou à « libérer le Saint-Esprit ».

En revanche, l’A. rappelle à juste titre que le ministère de libération n’est jamais censé être exercé en-dehors d’une vie catholique normale mais qu’il doit s’intégrer au sein de la vie de prière et de la vie sacramentelle. On trouvera notamment des pistes de réflexion pastorales intéressantes pour accueillir les demandes de libération et les intégrer dans la vie paroissiale et sacramentelle ainsi que de nombreux témoignages de terrain. — O. Collard