Teologia « degli scolastici », libro III, tr. S.P. Bonanni
Pietro AbelardoHistoria del pensamiento - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Dans ce troisième tome ici traduit en italien, Abélard entend montrer que Dieu est l'unique Bien suprême de l'homme. Sa synthèse est complexe, écrit Bonanni, car elle réunit différents registres: théologie philosophique, théodicée, christologie, etc., pour aboutir à une réflexion sur la toute-puissance divine qui comporte cependant certaines limites; par ex. Dieu voudrait-il que tous les hommes se sauvent sans se soucier de notre liberté? Dieu ne peut faire que des choses bonnes, même si nous ne les comprenons pas toujours comme telles. Les damnés sont eux-mêmes causes de leur damnation. Ce serait contraire à la dignité de Dieu de sauver un homme qui ne le mériterait pas. Sans changer lui-même, Dieu est à l'origine de tout changement, lequel est prévu de toute éternité. Dieu est présent à toutes choses sans se mélanger à elles. Il reste immuable dans l'Incarnation parce que sa divinité reste distincte de son humanité, un peu comme l'âme et le corps humain. Dieu a prévu le mal sans en être pourtant la cause; le péché provient de notre liberté. C'est dans cet esprit qu'il faut penser la prédestination. Le mystère du Christ mort en croix pour sauver l'humanité pécheresse illumine la bonté infinie de Dieu. Dieu déploie sa puissance selon la logique de l'amour divin et pour que l'homme découvre que Dieu est notre béatitude. Mais nos vues sur Dieu sont partielles et notre synthèse demeurera toujours inachevée.
On voit que, dans la théologie d'Abélard, la dialectique est au coeur de la réflexion du théologien pour l'aider à mieux comprendre la révélation. Suit un résumé en 25 pages de ce IIIe tome de la «theologia scholarium» fait par Bonanni, puis sa traduction italienne du volume avec d'abondantes notes et une postface de 50 pages sur le problème du mal et ses grandes tentatives de solution dans l'antiquité jusqu'à Abélard.
Spécialiste d'Abélard, Bonanni a voulu faire mieux connaître ce petit volume où lui-même a découvert un moment spéculatif décisif d'où naîtra la théologie au sens moderne. Il est vrai que la «scolastique» a fini par devenir desséchante en exagérant le rôle de la raison en théologie, mais l'on assiste aujourd'hui à un certain retour à l'Écriture et à la théologie patristique avec le souci de la spiritualité qui doit en rejaillir sur la vie chrétienne. - B. Clarot sj