Sergio Militello (1968–) est un homme aux multiples talents : compositeur, organiste-titulaire de la cathédrale de Florence, concertiste international, improvisateur virtuose, chef d’orchestre, maîtrisant le répertoire autant classique que contemporain, enseignant auprès de la Grégorienne ou du Teresianum, conférencier, écrivain, etc., il est aussi considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs de musique religieuse et est directeur de l’Institut de musique sacrée de l’archidiocèse de Florence. L’objet de ce nouvel ouvrage mérite d’être bien précisé. Le livre ne traite pas de la musique sacrée, mais du phénomène musical en général ; il ne porte pas sur la relation entre la théologie et la musique, mais sur la théologie de la musique. En effet, contrairement par exemple à Igor Stravinski, l’A. refuse de faire de la musique un art autoréférentiel (« l’art pour l’art »). De par sa nature même, la musique, plus que tout autre art, est à même d’ouvrir non seulement à une dimension spirituelle, mais au mystère de Dieu lui-même. Cela tient à son essence symbolique (ontophanique), qui, partant de la réalité sensible du son, dans le cadre de la liturgie, devient « “quasi” sacramentelle » (p. 11.) et exerce une fonction mystagogique. Pour montrer comment la musique peut disposer l’homme à l’expérience de Dieu, l’A. distingue trois pas qui pourraient être interprétés à partir des trois ordres de Pascal : le langage sonore, l’expérience esthético-spirituelle et la liturgie ecclésiale (chap. 2). L’ouvrage s’achève sur une lecture théologique du Magnificat BWV 243 de J.S. Bach.

Si l’intention et telle ou telle affirmation sont suggestives, la formulation, bavarde, est souvent aussi imprécise que compliquée. Plus de sobriété, plus d’exemples aussi et plus d’analyses des grands auteurs cités (de Balthasar à Messiaen), mais non étudiés, auraient été plus convaincants. — P. Ide