The ecclesiological reality of reception considered as a solution to the debate over the ontological priority of the universal Church
Derek Sakowski
Teología
-
reviewer :
David Roure
Né en 1976, Derek Sakowski a été ordonné prêtre en 2003 pour le
diocèse de La Crosse, dans le Wisconsin (USA). Cet épais ouvrage
reprend la thèse en théologie qu'il a soutenue à l'Univ.
Grégorienne en 2012. Il est aujourd'hui curé de paroisse. Dans
cette thèse à la documentation extrêmement abondante en même temps
que précise, il se saisit de deux problématiques sur lesquelles les
théologiens se disputent (au sens de
l'ancienne disputatio…) depuis quelques décennies au
point d'avoir abouti, comme le dit lucidement Sakowski, à
« une impasse ces dernières années ». La première est
celle de la priorité ontologique de l'Église universelle sur les
Églises particulières, et le 1er chap. de l'ouvrage
est alors consacré à une analyse aussi bien du
texte Communionis Notio (1992) de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi que du débat, vif, qui
suivit dans les médias entre les deux cardinaux allemands Ratzinger
et Kasper (1999-2001). La seconde est celle de la réception, qui
avait, tout au moins jusqu'à la parution récente du document de la
Commission théologique internationale, dégénéré dans des
répétitions sans fin car souvent mal étayées théologiquement autour
du sensus fidei (ou fidelium). Le
2e chap. étudie alors « les discussions
contemporaines de la réalité ecclésiologique de la
réception ». Pour dénouer la double difficulté, l'A. propose
une double solution : tout d'abord, alors que cela n'apparaît
pas évident à première vue, traiter ces deux questions ensemble,
puisqu'il les juge étroitement liées ; ensuite, reconnaître
qu'elles trouvent toutes deux leur enracinement dans un thème
ecclésiologique situé bien en amont, à savoir celui
du totus Christus eschatologique. Auparavant, il
aura tenté, à travers une étude chronologique qui part de
l'Écriture et va jusqu'aux théologiens con temporains en passant
par les Pères de l'Église, le Magistère et toute la Tradition,
d'identifier les différents sens des adjectifs
« universelle » et « catholique » quand ils
sont accolés à l'Église (chap. 3) et d'approfondir la réception, là
aussi double, de la Parole de Dieu et de l'Eucharistie dans le
Corps vivant de l'Église. Là, en fin de parcours, il s'appuie
utilement sur deux grands théologiens d'aujourd'hui, un occidental
et un oriental, Henri de Lubac et Jean Zizioulas.
Si le lecteur peut juger tout cet ensemble insuffisamment
synthétique et l'ultime chap. peu concret et trop irénique (faisant
beaucoup appel, lui, à Thomas d'Aquin), c'est que Sakowski ne
prétend pas, dans sa très courte concl. générale (p. 443-444),
avoir dit le « dernier mot » sur les deux problématiques
initiales. Pour lui, « ce n'est pas une fin, mais un nouveau
début, une invitation aux théologiens à ré-examiner les deux débats
et aussi à considérer d'autres discussions ecclésiologiques
contemporaines dans une lumière nouvelle ». D'ailleurs, c'est
ce qu'il a appliqué dans le chap. 5 en étudiant de cette manière, à
nouveaux frais, l'épineuse question du « subsistit
in » de Lumen gentium 8. Et, dans sa
dernière phrase, il assure que tous nos débats ecclésiaux, dans la
plus modeste paroisse rurale ou dans les grands projets de
réorganisation de la Curie romaine, devraient trouver « chacun
de nous individuellement (et nous tous communautairement) comme
étant plus parfaitement assimilé au seul totus
Christus » ! - D. Roure