Une question importante se pose à propos de l'évangile de Marc: comment son auteur interprétait-il la figure de Jésus qu'il présente de manière si vive? Autrement dit: quelle est son identité? Tel est le propos de l'A. de cette étude, indien, missionnaire de la congrégation du Saint Sacrement; il a conquis ses grades en théologie biblique au Bangalore puis au Studium franciscain de Jérusalem et actuellement, il est professeur à l'Institut pontifical d'Aluva au Kérala.
Il nous propose une thèse magistrale, menée rigoureusement et méthodiquement, avec une probité intellectuelle remarquable. Comment organise-t-il les résultats de son travail? Dans une première partie, il commence par passer en revue les différentes christologies de Marc élaborées par les exégètes; certains mettent l'accent sur «le Fils de Dieu», d'autres sur «le Fils de l'Homme», tandis que quelques-uns tentent de trouver un accord entre les deux titres. En fait, nous dit l'A., il n'y a pas de vrai consensus parmi les chercheurs, mais la plupart tiennent compte des collections pré-marciennes, notamment «Q». L'A. analyse dès lors les textes qui rapportent ces traditions d'avant Marc afin d'en dégager la vision qu'elles donnent du Christ: Marc leur reprend la théologie du «Fils de l'Homme» pour désigner la divinité de Jésus de Nazareth, mais il l'élargit en développant les titres de «Christ» et de «Fils de Dieu» comme explicitation de la confession de foi des communautés.
Il décide ensuite d'appliquer la méthode de critique narrative, qu'il utilise dans la deuxième partie de son ouvrage. Là encore, il procède en trois étapes. Il commence par dégager «l'intrigue narrative» de l'évangile concernant Jésus dans un survol de 140 pages du plus haut intérêt, car nous y trouvons l'essentiel de la dynamique christologique du texte de Marc. Ensuite, il développe les «points de vue» concernant Dieu, Jésus, le narrateur, les disciples et les meneurs juifs: Jésus apparaît comme «celui qui laisse parler Dieu»; le lecteur est ainsi progressivement amené à épouser le point de vue du narrateur qui l'emmène à la suite de Jésus. Le dernier chapitre est consacré à montrer le caractère propre de Jésus, et il découvre que le Jésus du récit de Marc est «le divin Fils de l'Homme sur terre». Cette expression est effectivement le nom de l'identité divine du protagoniste de l'évangile; il équivaut aux titres de «Seigneur» ou de «Fils bien-aimé de Dieu», lesquels en traduisent des aspects importants. Telle est la conclusion finale de la thèse de l'A.: Marc met en relief la conscience qu'avait Jésus de sa divinité et lui-même nous le présente comme tel. C'est ce qu'il désire déployer dans un prochain essai qu'il intitulerait: A Reader-Response Christology of Mark. Nous l'attendons avec joie et nous félicitons l'A. d'avoir mené à bien une oeuvre importante, tant dans le domaine de l'exégèse que dans celui de la théologie dogmatique. Nous lui pardonnons volontiers certaines longueurs ou redites, normales dans ce genre de travail, et nous le remercions de ce bel ouvrage d'interprétation! - J. Radermakers, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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