Cette adolescente espiègle qui n'a pas fréquenté les écoles de théologie, la voilà qui devient docteur de l'Église à 24 ans! Il y a de quoi stupéfier même ses admirateurs. Daniel-Ange montre bien que la théologie thérésienne jaillit de son expérience de vie et il rappelle opportunément que l'expérience des saints devrait avoir plus d'importance en théologie puisqu'elle apporte sur Dieu des révélations qui valent les lumières des grands théologiens. Aujourd'hui, plus que de théories, nous avons besoin de témoins de la vie spirituelle et les théologiens feraient bien d'associer théologie et spiritualité au lieu de continuer à les séparer et de rendre la théologie desséchante.
Daniel-Ange orchestre trois points essentiels en développant leurs harmoniques: la guérison psychologique et spirituelle de Thérèse à 14 ans, sa fougue apostolique avec son besoin fou d'évangéliser et sa grande épreuve finale où elle rejoint le désarroi et les doutes des jeunes actuels, pour leur apprendre comment sauver leur foi. Bien que Thérèse en parle peu explicitement, note l'A., l'Esprit Saint est le fil rouge de son expérience de vie. Soixante ans avant le Concile, Thérèse a ouvert la voie au Renouveau charismatique dans un monde utilitariste, trop attaché à la technique et à la raison, surtout dans le pays de Descartes.
Qu'on ne cherche donc pas dans cet ouvrage une biographie scientifique, mais sachons que dans la préface, Mgr Gaucher se dit d'accord sur l'essentiel. Daniel-Ange apporte sa fougue et ses trouvailles de style pour essayer d'être à l'unisson des nombreux textes de Thérèse toujours cités in extenso et pour intéresser les jeunes, auxquels ce livre est destiné en priorité; mais il enrichira aussi tous les amis de la petite sainte. - B. Clarot, S.J.