Nous pouvons, si nous le voulons, entrer ici dans «une de ces
amitiés spirituelles et littéraires qui nous accompagnent tout au
long de notre vie» (intr. p. 7). De l'oeuvre considérable de Louis
de Grenade (51 volumes annoncés dans l'oeuvre complète dont 39 déjà
disponibles), nous avons ici la troisième partie du célèbre Livre
de l'oraison et de la méditation dont la renommée ne se fit pas
attendre. Thérèse d'Avila a désiré rencontrer l'auteur. Pour
«savoir comment faire en sorte que l'oraison soit parfaite, il faut
qu'elle soit accompagnée d'autres vertus qui sont le jeûne et
l'aumône, parce que ceux-ci sont comme les ailes qui la font voler
plus légèrement vers le ciel» (p. 27). Le traité se réfère souvent
à l'Écriture et collationne les «autorités» de la tradition, y
compris Aristote! Traduit dès sa parution en plusieurs langues, cet
exposé a formé au coeur de l'Europe du XVIe siècle les bases d'une
théologie spirituelle célébrant, avec lyrisme, la grandeur et la
sainteté de la vie chrétienne offerte à tous les fidèles. L'A.
s'opposait ainsi à Melchior Cano, son condisciple et intraitable
censeur, qui affirmait qu'on ne saurait promettre «un chemin de
perfection commune et générale à tous les états de vie sans voeux
de chasteté, pauvreté, obéissance» (p. 8). Louis, au contraire,
écrivait: «Vous tous qui avez soif, venez vers les eaux … venez
boire vers cette source de tous les états, mariés, religieux,
prêtres, gens du monde et vous hors du monde…». On était en 1559!
Une introduction, des notes et une chronologie de l'A. apportent
l'essentiel pour une bonne compréhension de l'oeuvre dans son
contexte culturel. - J. Burton sj