Trattato delle lacrime. Fragilità di Dio, fragilità dell'anima, tr. F. Savoldi
C. ChalierSagrada Escritura - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Dieu a créé un monde libre et respecte même sa méchanceté; de là ses propres larmes secrètes devant la malignité humaine. L'homme peut participer à ce type de larmes ou bien blasphémer devant le mal. Pareille explication est de nature à renouveler notre idée de Dieu et de la souffrance. De telles larmes peuvent nous ouvrir au Dieu transcendant, car elles font deviner un monde au-delà des sens. «Les larmes engagent le coeur, la conscience et le corps». Les larmes de prière et de repentir arrivent devant Dieu car elles nous rappellent l'Alliance avec Dieu ou la joie du chemin retrouvé de l'Alliance. Mais Dieu est impuissant devant le refus de l'écouter, refus qui nous mène au désastre. Dieu pleure aussi avec les malheureux. Les larmes sont parfois une manière d'aimer et d'accueillir le destin incertain.
Les larmes ne sont jamais perdues, et le Messie donnera une valeur à toutes les larmes des Justes. Or le Messie est déjà présent en chacun de nous. Un midrash parle des larmes du Messie qui exige la guérison du passé et tout d'abord de «réparer» la mort. Ceci suppose clairement une vie par-delà la mort. Mais c'est là une espérance fragile. Isaïe 25 a dit que Dieu détruira la mort et essuiera toutes les larmes. Les larmes du Messie voudraient affirmer le triomphe de la vie sur la mort; et de même les larmes des hommes qui pleurent avec ceux qui pleurent. Mais cela n'est possible que si l'on voit le bien dans la création, comme Dieu le voit. De telles larmes viennent de Dieu et mènent à lui en espérant, de façon ténue, une rencontre ultime avec lui.
Ce type de pensée à cheval sur la philosophie et le spirituel nous étonne quelque peu et nous révèle la richesse de la pensée juive mais elle suppose la foi en Dieu qui inspire la Bible. Cet ouvrage nous rappelle les deux beaux livres du Père Varillon, L'humilité de Dieu et La souffrance de Dieu qui étonnèrent bon nombre de chrétiens plus habitués au Dieu «éternel et tout-puissant» venu en droite ligne de l'AT pris au pied de la lettre. - B. Clarot sj