À l'exemple des trois Personnes divines, écrit Rouet, ces trois vertus «responsables» (ou responsabilisantes?) sont inséparables tout en demeurant distinctes. Sans la charité, la foi se réduit à une doctrine et à un cadavre de vertu. On n'arrive à croire qu'en commençant à aimer et à se sentir attiré par le Christ pour adhérer librement à sa liberté. La charité pour le prochain est autre chose que le seul sentiment d'aimer qui ne mènerait jamais à l'amour des ennemis. La charité a besoin de la foi pour voir l'autre avec les yeux de Dieu et se laisser conduire par lui. La charité est aussi un chemin de foi pour parvenir à aimer «comme le Christ nous a aimés». Le désir du bien est essentiel pour vivre et c'est là que naît l'espérance qui est promesse et ouverture à l'Autre, ainsi que désir de vivre perpétuellement. Le salut est la foi vécue dans l'espérance, et cette espérance peut toujours renaître car Dieu ne désespère jamais de nous. L'espérance attend Dieu de Dieu.
Foi, espérance, charité nous entraînent au-delà de nous-mêmes; on ne devient soi-même que dans le dialogue et la communion avec d'autres et avec Dieu dans la foi, la confiance et l'amour. Les vertus théologales nous aident à devenir plus hommes en recevant des autres et de Dieu. Et Dieu vient vivre en nous l'humanité qu'il nous donne pour nous faire participer à sa vie.
Ces quelques brindilles nous offrent une idée de la façon dont Mgr Rouet essaye de renouveler la présentation des trois vertus essentielles pour le chrétien; mais l'espérance demeure toujours difficile à traiter et on en a relativement peu parlé dans le passé. Pour sa part, conscient de la difficulté, Péguy s'était contenté de demeurer sur le porche du mystère de la deuxième vertu. - B. Clarot, S.J.