En réponse aux Conclusiones (1486) et à
l'Apologia (1487) de Jean Pic de la Mirandole, l'évêque
Pedro Garsia fit paraître ses Determinationes magistrales
(1489). Il était l'un des membres de la commission romaine qui,
chargée par Innocent VIII d'apprécier l'orthodoxie des
Conclusiones, condamna treize d'entre elles (1487), avant
que le pape ne fasse de même pour l'ensemble des
Conclusiones et ne charge, semble-t-il, Pedro Garsia de
rédiger ses Determinationes contre certaines d'entre
elles. En spécialiste des rapports entre ésotérisme et
christianisme, le rédacteur du «Bulletin d'histoire des
ésotérismes» de la Revue des sciences philosophiques et
théologiques nous offre ici l'édition et la trad. annotée de
la 11e détermination de Garsia relative à la 9e thèse magique
pichienne, laquelle s'énonce: «Il n'est pas de science qui nous
assure davantage de la divinité du Christ que la magie et la
kabbale» (p. 97). La réfutation de cette thèse, jugée hérétique par
la Commission moins pour son caractère magique ou ésotérique qu'en
raison de son «application de sciences humaines [i. e. la magie et
la kabbale] à la démonstration de la divinité du Christ» (p. 11),
fut visiblement une affaire importante pour Garsia: à elle seule,
elle représente un tiers du volume de ses Determinationes.
En rendant ce texte matériellement et intellectuellement
accessible, J. Rousse-Lacordaire nous offre, au risque de forcer le
trait, un «dialogue de sourds» entre deux contemporains qui vivent
dans des univers mentaux différents, mais qui présente, par ce fait
même, le grand intérêt de témoigner d'une époque charnière: celle
de la révolution théurgique, de la spécification de la magie
renaissante et de la nouveauté de la kabbale chrétienne. - J.-F.
Stoffel