Une étude interdisciplinaire (étayée par les ouvrages féminins de
l'époque, les correspondances particulières, les archives
ecclésiastiques, les récits de voyage, les testaments, les sermons
funèbres, les livres de compte, les minutes de procès, etc.), où
neuf femmes et un homme analysent l'expérience religieuse des
femmes au début de l'ère moderne, des deux côtés de l'Atlantique:
leurs ressemblances et leurs similitudes, selon les régions, les
religions, les classes sociales. Riches propriétaires terriens, les
couvents espagnols exerçaient une grande puissance sociale,
politique, économique mais, tandis qu'en Espagne, seule la richesse
(la dot) y était source de discrimination (soeurs de choeur au
voile noir, soeurs converses au voile blanc), outre Atlantique
s'ajoutait la race: aucune Péruvienne, même de riche famille Inca,
n'a été supérieure. Tant les filles séculières de Louise de
Marillac en France que celles de Marguerite Bourgeois au Canada ont
contourné l'obligation tridentine de la clôture - l'originalité, et
la difficulté, de ces dernières consistant dans leur recours, au
Québec, à un personnel masculin, peu enclin à obéir à une
supérieure iroquoise.
En Hollande, à côté des Soeurs de la Vie Commune et les kloppen
(béguines), émergent des personnalités telles que Anna Maria
van Schurman (artiste, linguiste, philosophe et théologienne), la
prophétesse Antoinette Bourignon tandis qu'en Nouvelle Angleterre
surgissent les femmes de l'Esprit (Anne Hutchinson…)
condamnées, et les femmes de la Parole (Mary Simpson…)
inspirées mais orthodoxes. L'ouvrage est enrichi de notes
abondantes (à chaque chapitre) et d'un index. - P. Detienne, S.J.