Esquissant une histoire politique de la religion, l'ouvrage analysé attribue à la logique chrétienne d'incarnation d'avoir permis l'émancipation de la société moderne devenue démocratique, dans la mesure ou elle s'opposait à la logique religieuse de hiérarchisation. Ayant substitué la dualité à l'unité, le christianisme s'est déterminé comme «la religion de la sortie de la religion», jusqu'à se retirer de la formation d'un lien social auquel suffit désormais la correspondance de la société avec elle-même. Fourmillant d'idées neuves, le livre de M. Gauchet soulève aussi de nombreuses difficultés, ici réunies sous trois chapitres: la genèse de la modernité, le sens du christianisme, la méthode sociohistorique. Il semble même avoir été dominé, et desservi, en ses divers aspects, par une compréhension alternative du réel, hostile à toute forme de conciliation