En plaçant la recension par H.U. von Balthasar de l’œuvre de son mentor Erich Przywara dans le contexte de la formation du jeune jésuite suisse, cette courte introduction explique les vastes conflits que l’histoire de la philosophie a pu connaître à partir de la notion d’analogie. Elle manifeste les orientations philosophiques et théologiques du jeune Balthasar en en signlant les sources, mais elle fait comprendre aussi l’actualité d’une pensée trop peu connue encore aujourd’hui dans le milieu intellectuel chrétien.
Nous sommes en 1933. Le germaniste suisse Urs von Balthasar (1905-1988) n’est encore personne. Il vient de soutenir en 1929 une thèse surprenante sur l’histoire du problème eschatologique dans la littérature allemande. Quelques années plus tôt, à vingt ans, le jeune patricien helvétique qui rêvait d’être chef d’orchestre avait publié un ouvrage précoce Sur le développement de l’idée musicale.
Voici cinq ans, lors d’une retraite pour laïcs, le catholique lucernois avait discerné une vocation pour la Compagnie de Jésus qui l’avait amené en Bavière, près de Munich, au noviciat de Pullach. Le jeune adepte de Goethe y fait alors la rencontre époustouflée de celui qui est alors un géant de la pensée catholique : Erich Przywara (1889-1972). Au faîte de sa notoriété, ce jésuite hors norme venait de publier rien de moins que dix-sept…