Alors que la problématique classique des relations entre foi et raison envisage parfois celle-ci seulement comme faculté de connaître, au risque de limiter la foi à son contenu doctrinal, cet article s’efforce d’élargir le champ en direction des deux autres questions kantiennes : « Que dois-je faire ? » et : « Que m’est-il permis d’espérer ? » Il invite donc à confronter la raison philosophique ainsi entendue non seulement avec la foi, mais aussi avec la charité et l’espérance. C’est sous l’horizon de toute la vie théologale qu’est tentée ici une union sans confusion ni séparation entre la raison philosophique et la révélation chrétienne.
Parler d’« anthropologie philosophique des religions » est doublement problématique, à la fois par son singulier et par son pluriel : tout d’abord, existe-t-il une anthropologie philosophique ? ou faut-il convenir avec Pascal que « l’homme passe infiniment l’homme », qu’il est pour lui-même un mystère « incompréhensible », impossible à cerner dans une définition exhaustive parce qu’il est en dernière analyse inobjectivable ? Chaque effort pour le définir ne prend alors sens que relié à d’autres approches dont chacune doit avouer son incomplétude.
D’autre part, comment faire droit à l’immense diversité des religions, à l’inscription historique plurielle de la quête de l’homme vers Dieu et de Dieu vers l’homme ? Il faut choisir une perspective. Je m’en tiendrai à un effort d’articulation entre la raison philosophique et la révélation…