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Senghor - Pierre Emmanuel : une poésie de l’angoisse ?

Geneviève Fondville
Si le terme d’angoisse est tenu pour un mot-clé de l’univers poétique de Senghor, et si la poésie de Pierre Emmanuel peut être lue comme « une poésie de l’angoisse », il ne faut pas s’y tromper. L’angoisse est pour eux synonyme d’exigence créatrice. Aiguillon de l’Être, l’angoisse déprend de soi, évide, pour ouvrir à l’abîme de l’Autre. La parole poétique ne sort que comme réponse à cette provocation du vide. L’angoisse, inscrivant le poète dans un face à face muet qui se mue en un cri adressé à une transcendance personnelle, témoigne contre la mort de l’homme.

La certitude que Dieu est dans l’homme ou que l’homme est capable de Dieu est trop forte chez Léopold Sédar Senghor comme chez Pierre Emmanuel pour occulter le terrible fond d’angoisse qu’expriment leurs œuvres. Seule une société comme la nôtre, qui « n’a plus aucune expérience d’une réalité intérieure quelconque : ni de Dieu, ni de son âme, ni de la nature, ni de la vie et de la mort »1 peut évincer l’angoisse ou prétendre la guérir en la reléguant au rang de pathologie. Pour ces deux poètes, hommes de foi et de compassion, « tout saturés de l’angoisse et de l’attente vague des masses »2, il n’y a que deux solutions : soit contribuer par leur angoisse à « l’immense fuite passive en avant de l’époque », soit « vivre cette angoisse » et « la transformer en interrogation active », pour finalement « la résoudre par une affirmation de valeur » qui leur donne prise sur le monde et sur leur humanité3. C’est cette deuxième solution que retient Senghor : « le mérite de Pierre Emmanuel », dit-il, est « d’avoir continué la poésie religieuse, chrétienne de Péguy et de Claudel, mais en la révolutionnant ». Et de préciser : « il fait vivre, dans nos esprits et nos corps, nos âmes, l’angoisse et le désespoir » ainsi que « l’espoir » et « l’amour » bien sûr, mais en les présentant « dans une tension transformatrice ».

C’est pourquoi, si le terme d’angoisse peut « être tenu pour un mot-clé de l’univers poétique de Senghor »4, et la poésie de Pierre Emmanuel, lue comme « une poésie de l’angoisse »5, il ne faut pas s’y tromper. Le poète, nous dit Pierre Emmanuel, est un être « doué d’une angoisse plus profonde que le commun des hommes — ou, si l’on veut, d’un inconscient plus exigeant et plus actif »6. La nuance est capitale pour comprendre la présence de l’angoisse dans leurs œuvres. Plus que l’analyse des origines de leur angoisse, mon propos sera donc de comprendre comment est illustré dans leurs œuvres son rôle « actif ». Après avoir montré comment ils « vivent » cette angoisse, soit à travers leur tentative désespérée pour la chasser, soit à travers son expression physique qui envahit leurs œuvres, marquant l’authenticité de leur parole poétique, il nous faudra voir comment ils la résolvent.

I Une tentative désespérée<

Pierre Emmanuel reconnaît que son manque de foi certes, mais aussi cette époque qui prétend tout expliquer par ses discours savants, le contraignent à réfréner « la vraie nature de [son] angoisse », en lui assurant de l’en guérir7. D’une part cette prétention « ampute l’âme humaine de son rapport authentique à l’ineffable », et « discrédite toute connaissance symbolique, toute assurance fondée sur une foi »8. D’autre part, en réduisant l’angoisse à un symptôme pathologique, elle garde l’homme du désir de prononcer « le mot explosif » provoquant ce « grand déchirement des apparences »9 dont parle Senghor, et donc « de la prophétie comme du réquisitoire »10. Or, Pierre Emmanuel s’identifie aux prophètes de l’Ancien Testament, pour lesquels Senghor avoue lui aussi ses « préférences »11. Enfin, en érigeant cette angoisse en pathologie universelle, elle force le poète à nier sa singularité et à rejoindre la masse, où, il le sait, il finira par « se perdre en croyant s’intégrer »12.

1 Le langage comme échappatoire

Le poète se trouve ainsi complice d’une société de masse qui se sert du langage comme échappatoire, pour faire taire son angoisse :

Je suis l’humanité en tas qui toujours seule

Pèse sur soi pour se sentir moins angoissée13.

Dans ces conditions, parler ne signifie plus aller au-devant d’un autre. La parole tend à n’être qu’un réflexe, « une fuite par effritement du sens »14. Les mots n’ont plus leur poids de réel et prolifèrent dans « une dilution inane du Vide »15. D’autant plus que l’époque médiatique réduit la réalité à la représentation qu’elle en donne. Dans un monde où le réel est fardé, où l’homme est nié dans une impersonnalité sans autre face à face que ses désirs, où les mots ne valent plus rien, l’esprit s’absente ; il n’est plus qu’un « arc débandé », sans tension, sans « but », une « flèche vaine » que le poète, devenu cet « homme en tas », a « déposé » en « abdiquant l’angoisse ». Lui-même se voit comme le « spectre gras / De la lame, flamme qu’il fut »16. Il est prêt de renoncer à l’essentiel. À quoi bon ?

Senghor en fait aussi l’expérience : « Mon cœur est un tam-tam détendu et sans lune »17. Tous deux s’interrogent : « à quoi bon le manche sans la lame et la fleur sans le fruit ? »18, « que dire ? »19. D’une part le poète a perdu, avec le face à face de l’altérité, tout sens de l’effort, du dialogue ; d’autre part, avec cette parole coupée de toute réalité autre que langagière, le poète doute de sa capacité à appréhender le réel. Il n’est plus à même d’entendre son propre corps faire en lui ce « bruit de temps qui s’écoule »20 et cesse de « se sentir être »21. Privé de moyens pour percevoir le souffle venant de son âme, Pierre Emmanuel a le sentiment d’avoir perdu jusqu’à sa langue maternelle qui est inscrite dans son âme, qui lui est la plus intérieure. Senghor pareillement se plaint de cet « arrachement de soi à soi », qui le prive tout à la fois de « la langue de [sa] mère », du « crâne de l’Ancêtre » et « du tam-tam de [son] âme »22. Emportés vers l’extérieur, « les mots s’envolent et se froissent »23, parce qu’ils ne sont plus fondés. Comment parler sinon en donnant consistance à ce rien ? D’où la colère de Senghor contre « la tête qui ne prend racine », le distrayant avec peine d’un fond d’angoisse qui perce dans le ton de cette malédiction :

Qu’ils soient néant les distraits aux yeux blancs de perle

Qu’ils soient néant les yeux et les oreilles, la tête qui ne

prend racine dans la poitrine, et bien plus bas jusqu’à

la racine du ventre24.

Coupée du réel et de la rumeur intérieure de l’être, et donc séparée de la vie, cette « tête » expose le poète à « l’aigre érosion de la raison », qui laisse toutes « choses mortes ». L’entendement, pour Pierre Emmanuel, agit aussi comme un mécanisme de filtrage, protégeant du monde obscur et imprévisible de la vie psychique :

Notre âme, hélas ! est un fourré où nous n’osons

Nous frayer l’unique chemin qui mène aux sources25.

Le poète se clôt dans une vision d’un monde qui dit le rapport harmonieux entre l’homme et le cosmos. Il s’enferme dans un songe immobile et serein, qui est désir d’une matrice où se complaire dans une vie fœtale.

2 L’illusoire enfermement dans un monde plein

Pierre Emmanuel connaît en effet la tentation de s’enliser dans l’épaisseur charnelle du cosmos. La terre devient pour lui un corps de femme étendue. Le crépuscule à l’horizon « a la courbure [d’un] ventre » avant que tout semble englouti, avec la nuit, dans une grotte qui a forme de « matrice »26. Son corps repose ainsi dans la Nuit, scellé aux entrailles de la Grande Mère. Pierre Emmanuel développe longuement les images matricielles du ventre de la femme qui enveloppe, de la terre-mère qui irrigue, du dôme qui encercle. Il y dort comme Adam dans une innocence originelle. « Ma tête sur le sable de ton sein, mes yeux dans tes yeux d’Outre-mer »27, se plaît aussi à rêver Senghor.

Le poète ne donne alors pas d’autre sens au monde que celui d’une simplicité, d’un pur présent indéfiniment présent et donc virtuel. Senghor rêve d’un temps qui efface l’horreur du temps vers la mort : « Seigneur, oh ! fais de notre terre un Dimanche sans fin »28. Il cherche aussi à se mettre sous la protection de Morts qui ont « toujours refusé de mourir », qui ont « su résister à la Mort »29. Le temps ne s’écoule plus : « Ah ! vivre l’Été sans jour et sans nuit, mais un long jour sans hiatus ni césure »30. Senghor fixe ainsi à sa parole la tâche de réinventer l’unité du « Paradis perdu », qui est pour lui « jardin d’enfance »31 : « Contre le désespoir, mon refuge mon seul, le royaume d’Enfance »32. La nuit « Joalienne » est celle de l’enfance, mais aussi celle « D’avant [sa] naissance », « l’ineffable nuit »33. S’il cherche refuge dans ce « placenta primordial » où « présent et passé, vie et mort » se confondent dans un « prétemps du monde », radieux comme le « Royaume d’enfance », c’est parce qu’il sonne la « fin de [sa] passion » et de ses tiraillements34.

Cette nostalgie de l’enfance est toute Senghorienne car pour Pierre Emmanuel, l’enfance n’évoque qu’un « néant chargé d’angoisse »35. Cependant il rêve aussi d’un retour à un principe unitaire :

Comme aux nuits bleues de pleine lune je ressens

Une lisse immobilité baignée d’abîme :

Galet, je ne désire rien. Je suis au fond36.

L’élimination de l’angoisse de l’enfance, des désirs contradictoires de l’être, est perçue au travers du sentiment de plénitude que figure la forme circulaire de la pleine lune. Cette plénitude, il la trouve dans ce calme parfait, né d’une contemplation sans désir, parce que sans regard sur l’autre. Cet être au repos cherche à s’anéantir en se détachant de son corps, dans l’état psychique de la matière, du galet au fond de la mer. La matrice prend alors l’image maternelle et bienfaisante de la mort, où déposer sa lassitude, où plonger sa fatigue et celle de la masse humaine avec lui, où se blottir, pour ne plus penser et dormir.

Senghor cède aussi à cette tentation de l’engourdissement : « Que je dorme sur la paix de ton sein »37, « Ah ! de nouveau dormir dans le lit frais de mon enfance »38. Il ne s’étonne pas encore du poids de cette lassitude qui s’épaissit au fur et à mesure qu’il se laisse clore dans ce monde utérin ou édénique, mais se sait en sursis : « On accorde à tout condamné quelques heures d’oubli »39. Pierre Emmanuel se devine déjà « prisonnier des mythes » et « des viscères »40. Ce retour à une vie antérieure paralyse en effet l’activité du désir et la projection dans l’avenir, de même que l’exercice de la mémoire qui végète en une nostalgie maladive de ce qui n’est plus ou n’a jamais été. Force est de constater que le retour tant rêvé à la situation de l’enfant n’est qu’une réitération sempiternelle : « C’est le même soleil mouillé de mirages », « le même ciel qu’énervent les présences cachées », « le même ciel redouté »41. L’angoisse naît précisément de ce mouvement répété de fuite voué à l’échec.

II Réveil de l’angoisse

Heureuse angoisse qui rappelle la distance par rapport à l’objet contemplé ! Le songe se contracte d’un seul coup avec la violence d’un spasme. Le rire, chez Pierre Emmanuel comme chez Senghor, manifeste que le cœur saturé d’angoisse ne peut plus se contenir, qu’il échoue à s’inscrire dans l’illusion béatifique des commencements. Il signe la défaite d’une pensée « qui se défait dans la risée qu’elle sème »42. Il a partie liée avec l’humiliation, comme le confie Pierre Emmanuel : « Mais quand le rire s’empare de moi, c’est un cheval fou qui me traîne lié à sa crinière : il me déchire à tous les silex du chemin, et le goût du sang me rend ivre de ma propre humiliation »43. Le rire marque ainsi la lucidité du poète qui voit cette unité se lézarder à l’extrême. C’est ce que montre ce vers de Senghor : « Or les rires des singes secouaient l’arbre des palabres », annonçant « les embûches zébrant la nuit », avertissant que « chaque touffe d’herbes cache un ennemi »44.

1 Un sixième sens

Pierre Emmanuel décèle dans ce songe d’entrailles maternelles l’idolâtrie de l’homme qui va jusqu’à devenir la matière de son désir. Or s’adorer ainsi, c’est pousser à bout, dit-il, « l’autonomie monstrueuse » de ses instincts primaires. C’est ainsi que le songe, chez Senghor, se mue en jungle animale :

Je me suis réveillé sous la pluie tiède, cette nuit

Dans la nuit de mes angoisses, entre les panthères ailées les squales amphibies

Les crabes jaunes qui proprement me mangeaient la cervelle45.

Dans ce monde psychique blessé, et donc cruel, le poète n’a d’autre choix que de subir cette « orgie » « dans une solitude et une angoisse extrêmes, avec la nuit des temps pour écho »46. Cet « affreux leurre de l’informe » le livre « aux abois de l’antre primordial »47. Au lieu du Néant illusoire, le rêveur n’a plus que cette matrice précaire, ce chaos qu’est la nature humaine livrée à sa force instinctive. La « paresse végétative » du songe clos se révélant « dévorante », elle éveille une angoisse que Pierre Emmanuel découvre comme son « sixième sens » :

Cette angoisse — mon sixième sens — reste aux aguets et suscite des signes, éclairs de pensée ou projections d’images, qui me rappellent un inlassable secret, le progrès intérieur qui me fait être. Pour atteindre les « eaux supérieures » d’où viennent et où m’entraînent ces signes, une conscience est requise, apparemment non rationnelle mais fortement attentive et active, bien que saturée de la lymphe de l’inconscient. Cette conscience aimantera de proche en proche une connaissance qui veut être un sens48.

Cette angoisse lui rappelle en effet que l’œuvre poétique ne peut être la simple expulsion d’une image, le seul jaillissement de l’inconscient ou de l’onirique, aussi fascinants soient-ils, mais nécessite le labeur de la conscience. L’angoisse déplace le centre de gravité de ses désirs sur une réalité dont le poète prend peu à peu conscience. Cette angoisse est « désir que cette ombre vivante prenne forme », pressentiment « que la vie est là — dans l’espace noir »49.

2 Le dur labeur de la conscience onirique

Entendons-nous bien. La connaissance vers laquelle l’oriente cette angoisse n’est pas une « prise » de conscience. Elle empêche au contraire l’emprise de la raison sur les images qui remontent à la conscience. Pierre Emmanuel « sent l’angoisse » « lui arracher chaque prise »50. Il n’adopte pas la méthode d’investigation des surréalistes, entreprise au nom du « plaisir » et où les rêves sont mis au service de l’intelligence. Senghor le suit dans cette prise de distance puisqu’il parle de ce « fleuve de sang » qui baigne le poète comme d’une « pénitence »51. Leur angoisse les empêche de privilégier une perception intellectuelle des choses, même si elle les livre à une constante activité onirique pour connaître l’homme de l’intérieur. Que la raison se nourrisse des images du moi profond comme des grands mythes fondateurs est une chose, qu’elle les considère comme objet d’étude ou de plaisir en est une autre.

Leur activité onirique se fait au prix de sensations physiques pénibles : « impression d’angoisse vertigineuse, de nausée »52. La naissance de l’image poétique qui jaillit de « la racine de la vie » « me rend malade » avoue Senghor53 et lui-même d’évoquer des « moiteurs », des « migraines »54, des « fièvres » et des « délires »55. Envasé dans ses substances psychiques qu’il décrit comme « essences séminales », « chaleurs », « humeurs » et « sang du sperme », Senghor se sent devenir un « marigot » auquel pas une « palombe » ne voudrait boire, — la figure de l’oiseau renvoyant peut-être à celle de l’Esprit —, ou encore un fruit tiède et creux — « c’est la sapotille tépide que ronge le ver de l’absence »56. La germination semble pourrir, la semence se perdre, la création semble vouée à l’échec. C’est pourquoi, « gorgé d’eau trouble, qui inonde », il se sent nauséeux. Les « pourritures spongieuses du cœur »57 l’aspirent « de leurs ventouses insondables ». Il a l’impression de se noyer dans un « néant béant » qu’il compare à un marais boueux : « le poto-poto où s’enfoncent lentement toutes patiences »58.

Si le poète perd patience dans cette phase de gestation, il se reconnaît cependant comme participant d’une énergie qui échappe à tout cadre, — « Sous les geysers du sang, qu’éclate donc l’écorce ». Cette part de limon le force à être « béant » à l’infini. « Je fus investi par les images, d’elles battu de toutes parts, fasciné, submergé, s’enthousiasme Pierre Emmanuel, je repris pied dans l’élémentaire, je me coordonnai dans ce monde où mes anciennes coordonnées perdaient leur sens. »59 Le poète s’accoutume alors à être sans limite, « coextensif à la poussée de l’esprit vague » qui s’ouvre peu à peu un passage dans sa conscience.

Cependant, malade d’une profusion d’images, « pullulement fétide », prisonnier d’humidités primordiales « despotiques »60, le poète a plus le sentiment de se défaire ou de devenir « un remuement de la vase »61, que celui d’être travaillé par une énergie. D’où le sentiment d’angoisse, de dégoût et de fatigue interne qui accompagne cette phase de gestation. « Lasse ma tête mon marigot »62, se plaint Senghor. Cette lassitude vient de la monotonie des thèmes de la vie psychiques qui, parce que fondamentaux, sont limités : « Lasse ma tête mienne-ci, lourdes mes pensées à la chaîne », « Mes nerfs las dans l’usine tournant au café ». À bout de nerf, il est saisi par un « tremblement qui taraude [ses] os », « [sa] tête est un marais putride D’où [il] moule des briques monotones »63. Pierre Emmanuel explique que le poète a le sentiment de n’assister qu’au « changement indéfini d’une substance protéiforme, dont l’unité dépend d’un autre principe »64. Ainsi ce qui émerge lui échappe-t-il.

Ainsi son écœurement, sa lassitude, cette sensation d’avoir tout perdu se confondent-ils avec le travail secret du germe. Ces remuements originels de la matière lui remettent en mémoire la pensée d’une parturition. Immergé dans cette liquidité primordiale, véritable réservoir d’archétypes universels65, il se sent en germe d’une parole. Pris entre une force qui fonce et une gestation qui freine, « au fond des fondrières des angoisses des impasses, dans le courant roulant », Senghor se sent forcé de choisir l’Être : « Je n’avais que trois choix : le travail, la débauche ou le suicide »66, rapporte-t-il avant d’en avouer un quatrième : « boire tes yeux »67. Il comprend qu’il lui faut pâtir cette saturation angoissante et cette sensation que « tout se retire de [lui] », comme le pressentiment qu’« au-delà de toute angoisse »68 une forme s’ébauche, avec la tendresse d’un regard. Pierre Emmanuel confirme :

[…] brusquement, avec une angoisse foudroyante, je perçois que je n’ai de choix qu’entre l’autonomie et le suicide par l’éboulement intérieur ; je me retrouve à pic au bord d’un trottoir, à la verticale de l’être ou du non-être. Mais à peine ai-je formulé ce choix que le non-être me devient impossible. […] Être, c’est ne pas pouvoir ne pas être69.

III Une angoisse omniprésente

Le « non » du poète à la béatitude du songe clos est un « oui » à la vie déchirante et, par suite, une ouverture à l’Être, à une Réalité suprême. Or, avertit Pierre Emmanuel, cette « très redoutable impression du sacré débute par l’angoisse d’une commune déréliction essentielle »70 : celle de la mort. Il connaît, « depuis l’enfance », « l’angoisse d’être pris dans une gangue, atrocement déterminé ». Il y lit le mystère de son nom71, qui est aussi « la condition éternelle de l’homme »72, le signe que Dieu germe en l’homme comme dans la pierre du Saint Sépulcre. Ce signe est cependant « signe de détresse et d’angoisse », car explique-t-il, « la pierre » qu’est l’homme « tend toujours à l’inerte », et « l’animer est une entreprise sans fin »73. Certes la pensée de la mort lui remet en mémoire ce Dieu en germe sous la pierre, mais celle-ci reste ce qui dépasse toute logique, « le non sens a priori »74, ou « le néant béant »75. Face à cette mort « jamais familière »76, leur être se cabre : « Et me voici déchiré calciné, entre la peur de la mort et l’épouvante de vivre », confesse Senghor.

C’est pourquoi tous deux connaissent un sommeil lourd d’angoisses et sont en proie aux insomnies. Senghor parle de « l’angoisse qui point [sa] poitrine, la nuit »77, Pierre Emmanuel confie qu’il lui arrive « aux petites heures du matin » de « repasser » sa propre mort, « comme un élève sa leçon », vivant par avance « l’état d’insurmontable angoisse » qu’est le « scandale » d’une chair devenue cadavre. Il vit cette angoisse comme ce qui réveille en lui une intense activité spirituelle : « Face à la certitude de ma mort, mon esprit se cabre dans l’impossibilité de la mort »78.

1 Un sommeil lourd d’angoisses : Insomnie !

De son arrivée aux urgences à l’hôpital militaire de Séoul, Pierre Emmanuel garde des impressions angoissées, parce qu’il lui semblait être revenu au stade fœtal de la perte d’autonomie et de l’abandon : « Courant d’angoisse accélérée : retour au sein »79. Perdre conscience ou bien oublier la mort pour vivoter « d’une existence-suicide » l’angoisse pareillement. Senghor, lui aussi, se sent oppressé par la « torpeur » du sommeil qu’il désigne comme le « Dieu blanc du Sommeil »80, parce qu’il lui fait perdre, avec la conscience, la « mémoire des couleurs »81, la « mémoire de la vie »82. Il s’accroche à une dernière pensée « avant la nuit », « avant qu’[il] ne tombe / Dans le filet blanc des angoisses »83. Senghor redoute la noirceur maléfique d’une nuit sans clair de lune, parce qu’elle n’est alors plus que la figure d’une torpeur qu’il refuse :

Tu m’as assailli encore cette nuit

Cette nuit sans clair de lune au bord de la mare perfide,

Panthère

Décochée de l’arc d’une branche.

Ah ! le feu de tes griffes dans mes reins et l’angoisse

Qui fait crier à minuit jusqu’aux doigts de mes pieds tremblants prisonniers. […]

Vois-moi dans la force de l’âge et du désir et du vouloir […]

N’as-tu pas senti la force de mes reins, de mon vouloir musculeux ?84

L’intensité avec laquelle cette angoisse fait irruption dans son être est soulignée par la soudaineté avec laquelle la panthère a bondi de la branche de l’arbre. Tout son être est pris par une douleur intense que souligne la répétition de la voyelle [i] : cette angoisse s’impose à sa sensibilité, sans rester pour autant à la périphérie de l’être qu’elle pénètre en profondeur. Mais ce faisant, elle débusque une force virile et une volonté qui est refus de s’abandonner. Si l’angoisse l’étreint dans sa chair et lui fait violence, le poète à son tour lui résiste pour rester libre. Ainsi l’angoisse où l’esprit s’agite et se débat trahit une vitalité que le sommeil éprouve. Ces longues nuits sans sommeil sont le lieu d’un combat où le poète dit errer, méditer, fuir, pleurer jusqu’au sommeil, avant de finir par s’endormir « dans le silence de [ses] larmes »85, vaincu et « prisonnier » « de toutes les angoisses qui [l]’embarrassent inextricablement86 ». Le sommeil est une épreuve parce qu’il s’y réveille une volonté d’être, surgissant du centre le plus profond de son être. La nuit, « cette fièvre aux entrailles »87 le tenant « éveillé de longues nuits » le ronge ainsi « d’un mal sans nom »88, au point de réduire le poète à n’être plus qu’un « enfant endolori » à force de se tourner et retourner « sur ses flancs douloureux »89.

2 Angoisse qui prédispose

L’angoisse pâtie ainsi à longueur de nuits rend le poète « docile », lui enseignant que « [la] force s’érige dans l’abandon, [l’] honneur dans la soumission »90. Ces nuits ont beau être peuplées de « brouillards » pesant « profond sur [son] angoisse »91, ce poids l’enveloppe comme le ferait la coule du moine. Ce poids d’angoisse le déprend de lui-même, l’intériorise et le recueille. Le poète y « guette le silence des forêts »92. Il entend ce silence angoissé comme l’éminence d’un don, fait par une réalité extérieure qui surplombe son être et qui pourtant l’enveloppe : « J’entends ton cœur d’ambre qui germe dans le silence et le Printemps »93. Cette réalité silencieuse ne prendra forme de parole que dans la mesure où celui qui en est enveloppé lui prêtera une oreille désintéressée. C’est pourquoi Senghor se définit comme un être attentif, sans préciser d’objet précis à sa quête : « Je suis attente dans la nuit »94. L’attente se conjugue ainsi avec l’expérience de la dépossession et d’une totale ouverture. Elle s’inscrit dans un temps mort, la mort constituant pour Pierre Emmanuel « la purgation radicale de tout esprit de possession »95. Dans l’Ancien Testament, la torpeur qui tombe sur Adam comme sur Jacob n’est-elle pas le signe du don incommensurable qui leur est fait et qui échappe à toute prise ? Le poète doit ainsi consentir à n’avoir pas d’autre « pensée qu’une angoisse énorme », et accepter de ne pouvoir être, « qu’en renonçant à toute idée d’avoir »96. Or, renoncer au droit de s’arroger la parole, c’est s’ouvrir à la parole comme à une réalité qui est irréductible à celui qui parle.

3 Épreuve d’un être de parole

Le signe que Dieu fait à travers ce don de la parole, est donc « notre mort. Rupture définitive de notre identité apparente, cette forme par défaut que nous sommes moi »97. Pierre Emmanuel s’identifie alors au prophète Élie, « vidé de la force dont il fut hanté » après sa victoire contre les prêtres de Baal, et qui « n’a que nausée de sa vanité »98. Face à cette réalité irréductible qui a germé en lui, le poète perd toute assurance et doute de pouvoir la dire. Pierre Emmanuel apparaissait ainsi comme un homme « submergé par l’angoisse sacrée de la parole », paralysé au moment de la dire99. Senghor, de son côté, a l’impression d’avoir « beaucoup combattu dans la solitude de la mort. Contre [sa] vocation ». Pâtir l’angoisse du dire est « l’épreuve » de sa vie et son « purgatoire »100, parce qu’il perçoit sa parole comme un regard, « scalpel lucide »101 pour Pierre Emmanuel, qui le sonde jusqu’au fond. « L’angoisse de la gorge » ne disparaîtra que s’il accepte de se voir nu en face de cette parole qui lui fait voir sa vanité, son « âme dévêtue jusqu’à la racine et au roc »102.

Pierre Emmanuel distingue l’angoisse de cette nudité ou pauvreté qui oblige : « Mon exigence m’appelle à m’accomplir : mon angoisse m’entraîne à me défaire »103. Il passe de l’angoisse face à l’impuissance radicale à dire la parole, à la reconnaissance d’une tension essentielle entre l’inanité de ce qu’il est et l’exigence de cette parole qui lui est irréductible. N’est-ce pas cette lutte sans fin dont rend compte le dernier poème du Grand Œuvre, achevé quelques mois avant sa mort, « Être ou fenêtre » ? Toute résolution ici-bas du conflit qui oppose le miroir du moi aux questions ouvertes sur l’Absent dont la prunelle nous fixe, Sens qui fait signe par-delà la fenêtre, y est refusé. Senghor se tourne vers l’Absente avec la même lucidité. Il reconnaît l’inanité de sa parole — « un gazouillis précieux »104 — en même temps que le fond ineffable qui se dit en elle : « Donc je nommerai les choses futiles qui fleuriront de ma nomination — mais le nom de l’Absente est ineffable »105. Bien qu’humiliant, ce regard sur l’Absente guérit le poète de son angoisse, parce qu’il est regard amoureux d’une Présence qui se fait proche : « À l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux »106. La reconnaissance de cette dépendance à l’Autre n’est pas abdication mais face à face honorant l’homme, duel, et par suite, rythme binaire, et en fin de compte profération, alors même que le silence devait s’installer :

Je te nomme Soir ô Soir ambigu, feuille mobile je te nomme.

Plane sa pensée dans la brume.

Silence de combat sans éclats de silex, au rythme du tam-tam tendu de sa poitrine107.

« Le voilà comme le griot, dans la même tension du ventre et de la gorge, la joie au fond de l’angoisse. »108

4 Souffrir la provocation du vide

Encore faut-il qu’un son sorte de sa gorge. « Et j’étais sans paroles, devant l’énigme d’or de ton sourire »109, confesse Senghor. Le mutisme qu’éprouve le poète au contact de cette Parole le transcendant le place dans une telle angoisse que tenir face à elle lui semble aussi impossible que céder à l’émerveillement110. D’où l’aridité qui plombe l’âme d’Isaac, à l’image d’un puits à jamais asséché : « Moi dont l’âme est un puits sec gorgé de pierres ». Le participe « gorgé » suggère la profondeur de l’obstruction et le silence d’Isaac, si intense qu’il crie de toute sa gorge muette vers la source : « Je crie ma nuit bouche ouverte sans un son »111, confesse Isaac dont la foi en cette source cachée adresse, au sein même de son angoisse, une supplication inarticulée à Dieu. Senghor utilise le même terme pour dire sa supplication muette : « Woï ! donc salut à la Souriante qui donne le souffle à mes narines, qui coupe le souffle à mes narines et engorge ma gorge »112. Ailleurs il emprunte la même image de puits asséchés : « Yeux et narines rompus par Vent d’Est, nos gorges comme des citernes sonnaient creux à l’appel immense de la poitrine. C’était grande pitié », « Rien que le Vent d’Est dans nos gorges plus que citernes au désert Vides »113. Au poète, le Vide incommensurable, à Dieu — figuré par le « Vent d’Est » —, le souffle, la vie et la parole, dont il souligne la valeur sacrée. Mystérieux échange ! « Les sens, le cœur, la pensée, la parole, nous les tenons d’inexhaustibles lointains » atteste Pierre Emmanuel, proclamant la foi en la dimension « autre » des apparences114. Sa parole ne sort que comme réponse à cette provocation du Vide qui l’envahit et le déchire :

Et contre les portes de bronze je proférai le mot explosif

Ce fut un grand déchirement des apparences, et les hommes restitués à leur noblesse115.

Ce cri n’est pas le « cri infiniment crispé » du « néant »116 qui s’empare d’une plénitude, mais le cri du pauvre ou du prophète, cri s’élevant du profond d’un être s’insurgeant contre ce Vide, tout en aspirant à en être comblé.

IV L’angoisse se mue en cri

La parole poétique est ainsi entendue comme l’expansion d’un cri unique qui n’en finit pas de se crier hors de la gorge, cri lancé aux frontières de l’Être.

1 Un cri adressé

Puisque la parole relève d’un don et d’un Autre, le poète s’adresse à cet Autre dans un acte de totale remise de soi :

Réponds à ce trou

Que creuse vers Toi le silence (…)

Je Te crie de  :

Frappe et comble,

Toi !117

Sa prière se dit dans un cri, dont les vers extrêmement courts soulignent l’intensité. Les finales muettes des deux impératifs « frappe et comble » renforcent la violence des occlusives [p] et [k], tandis que les voyelles ouvertes à la fin des vers — « Toi », « trou », « là » — rendent compte de l’ouverture de la bouche. Aucune demande particulière ne s’élève, hormis l’attente d’une réponse de la part de celui que les impératifs et le pronom convoquent. Le poète se contente de manifester son attente, au travers des images du silence et du creusement. Sa demande se fait néanmoins insistante par la répétition du pronom de la deuxième personne, comme si toute sa supplication se résumait à cette interjection « Toi ». Le poète ne prononce qu’une syllabe, rendant présent cet Autre devant lequel il est mutique. La poésie de Senghor est tout autant traversée d’adresses lancées à une Présence dont il attend des « paroles propices »118 : « Quand ouïrai-je ta voix, allégresse lumineuse de l’aurore ? », « Quand m’assiérai-je de nouveau à la table de ton sein sombre ? »119 interroge-t-il.

2 Un cri d’espérance

Ces adresses font entrer le poète dans un dialogue permanent avec l’Autre, ouvrant en lui un gouffre infiniment exigeant : « Ma bouche pleine de mes mots en bouillie / Quelqu’un la force au discours séminal »120. Seule la foi en cet Autre, dont il reconnaît tenir le pouvoir de parler et d’être, lui donne d’oser une parole fondée. Cette parole l’oblige à se tenir en avant, non au-delà de lui, mais dans la confrontation avec cet Autre qui se dit en lui. Elle devient alors « la profondeur de son manque dans la hauteur de son affirmation »121. Pierre Emmanuel explicite ce pouvoir créateur du creusement : « cet évidement, c’est l’acte créateur qui fait le vide en nous, l’Acte du Vide qui nous ouvre à son abîme »122.

Dans ce face à face exigeant qui rétablit l’homme dans sa dimension de personne, le poète demande à cet Être de témoigner contre la mort de l’homme. Le récitant dans Babel intercède ainsi pour les hommes :

Insurge le terrible honneur d’être des hommes

En ces fagots humains qu’on entasse déjà :

Rappelle à tout vivant qu’il est unique en Toi,

Qu’à chacun Tu donnas une âme souveraine123.

Les deux impératifs détachés en tête du vers — « insurge », « rappelle » — demandent à Dieu d’intervenir pour sauver les hommes, même malgré eux. Sa foi en l’âme « souveraine » a la force d’une confiance retrouvée en l’homme et en la parole. Avec la même audace, Senghor demande à Dieu de pardonner « à l’Europe blanche » ou de bénir l’Afrique : « O bénis ce peuple, Seigneur qui cherche son propre visage sous le masque et a peine à le reconnaître »124. Tous deux ne prennent pas pour autant leur parole pour une expression de leur foi. L’adresse poétique qui jaillit du fond de leur être traduit simplement leur reconnaissance d’une transcendance personnelle, et leur joie d’entrer enfin dans une relation qui comble leur espérance, invitant toujours à un au-delà. Leur parole n’a d’autre raison que de célébrer l’« Être vivifiant », — « Toi qui me rends à moi-même »125, « Toi mon présent, mon indicatif mon imperfectif »126—, ou d’exprimer, avec un lyrisme qui traduit le langage du cœur, leur révérence : « Ô mon épouse », « Toi la Sagesse »127. Senghor pareillement salue le Seigneur « qui es plus-que-vie », la « Nuit d’Afrique », « l’Amie qui cause et peuple l’insomnie », ou encore l’Esprit qui s’incarne : « O mes frères dans la jubilation de la joie […] gloire bien plus gloire aux splendeurs de l’Esprit dans son exaltation »128. Leur parole est un cri de joyeuse espérance, espérance d’être « ce rien soutenu, recréé, refait homme par l’homme Dieu »129. Leur angoisse est ainsi inséparable de la prémonition d’un accomplissement. C’est pourquoi Pierre Emmanuel se sent « envahi jusqu’à l’angoisse » et dans le même temps « cautérisé » par « la surabondance d’amour »130 qui le recrée. De même, Senghor sent que son cœur « oscille toujours entre Espoir et Angoisse »131, tandis qu’il se « confie à [sa] nourrice Dieu »132.

Senghor comme Pierre Emmanuel choisissent de répondre à l’angoissante exigence de leur humanité. Mais s’ils répondent, « c’est souvent du fond de [leur] misère » comme Pierre Emmanuel citant Paul — « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort »133 —, ou « dans la poussière » du chemin de Damas134, comme Senghor s’identifiant lui aussi à Paul. Certes l’angoisse leur est d’abord un réveil douloureux, mais elle leur donne en retour la capacité d’aller à rebours de la mort, tout en les mettant en face d’une Présence qui impose le spectacle de leur ruine. Ils sont tout autant poètes de l’angoisse que de l’émerveillement. L’angoisse et la louange « se partagent [leur] poésie », inextricablement liées135. La Beauté vers laquelle ils sont tendus est aussi paradoxale que le monde, car elle n’exclut ni la douleur, ni l’angoisse, ni l’agonie. Tous deux savent qu’ils ne peuvent « imaginer la beauté comme un simple retour en arrière »136. La raison d’être de leur parole est cette quête de la Beauté. Ils quêteront son sourire, alors même qu’ils feront l’expérience que ce sourire les déchire. Leur parole poétique est alors intuition de ce que signifie être homme, car elle est la « part de l’Être éternel » dans ce monde-ci « qui s’effrite sans cesse, frappé [d’une] sempiternelle caducité »137.

Notes de bas de page

  • 1 Pierre Emmanuel, dans France Catholique, n. 1902 du 27/5/83.

  • 2 Id., La face humaine, Paris, Seuil, 1965, p. 43.

  • 3 Ibid., p. 74.

  • 4 Hausser M., « Senghor, le sacré, l’angoisse », dans L’écriture et le sacré, Actes réunis par J-F. Durand, presses de l’Université Paul Valéry, Montpellier III, 2002, p. 15-31.

  • 5 Hell H., « Pierre Emmanuel ou le poète actuel », dans Fontaine, n. 15, 1941, p. 77.

  • 6 Pierre Emmanuel, « L’homme et le poète », dans Poésie raison ardente, Fribourg, Egloff et LUF, 1948, p. 18-19.

  • 7 Pierre Emmanuel a suivi une psychanalyse freudienne pendant sept ans avant de constater « un manque d’adéquation » à cette « cure ».

  • 8 Pierre Emmanuel, « Il est grand temps, Emmanuel, de revenir à la maison du Père », inédit, (Dossier n. 8), 1978, p. 49,135.

  • 9 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, Paris, Seuil/Points, 1990, p. 109.

  • 10 Pierre Emmanuel, La face humaine, (cité supra n. 2), p. 74.

  • 11 Rapporté par Joseph-Roger de Benoist, L. S. Senghor, Paris, Beauchesne, 2000, p. 183.

  • 12 Pierre Emmanuel, Le Goût de l’Un, Paris, Seuil, 1963, p. 106-107.

  • 13 Pierre Emmanuel, Tu, Paris, Seuil, 1978, p. 360.

  • 14 Id., Le monde est intérieur, Paris, Seuil, 1967, p. 49.

  • 15 Id., Sophia, Paris, Seuil, 1973, p. 30.

  • 16 Id., Jacob, Paris, Seuil, 1970, p. 226.

  • 17 Senghor L.S., Ethiopiques, (cité supra n. 9), p. 148.

  • 18 Ibid., p. 114.

  • 19 Pierre Emmanuel, Jacob, (cité supra n. 16), p. 282.

  • 20 Ibid., p. 39.

  • 21 Pierre Emmanuel, Tu, (cité supra n. 13), p. 372.

  • 22 Senghor L.S., Ethiopiques, (cite supra n. 9), p. 138.

  • 23 Ibid., p. 114.

  • 24 Ibid., p. 114.

  • 25 Pierre Emmanuel, Jacob, (cité supra n. 16), p. 282.

  • 26 Ibid., p. 270.

  • 27 Senghor L.S., Nocturnes, dans Œuvre poétique, (cité supra n. 9), p. 184.

  • 28 Id., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 236.

  • 29 Id., « In Memoriam », Chants d’ombre, dans Œuvre poétique, p. 9.

  • 30 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 140.

  • 31 Id., Chants d’ombre, dans Œuvre poétique, p. 43.

  • 32 Id., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 247.

  • 33 Id., Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 186.

  • 34 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 118.

  • 35 « Jusqu’à six ans, date à laquelle j’ai quitté l’Amérique où demeuraient mes parents, cette enfance est un blanc parfait », précise-t-il dans « Il est grand temps, Emmanuel, de revenir à la maison du Père », (cité supra n. 8), p. 11.

  • 36 Pierre Emmanuel, Sophia, (cité supra n. 15), p. 117.

  • 37 Senghor L.S., Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 184.

  • 38 Id., Chants d’ombre, dans Œuvre poétique, p 52.

  • 39 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 123.

  • 40 Pierre Emmanuel, Sophia, (cité supra n. 15), p. 269.

  • 41 Senghor L.S., Chants d’ombre, dans Œuvre poétique, p 46.

  • 42 Pierre Emmanuel, La vie terrestre, Paris, Seuil, 1976, p. 111.

  • 43 Id., Autobiographies, Paris, Seuil, 1970, p. 36.

  • 44 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 108.

  • 45 Id., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 229.

  • 46 Pierre Emmanuel, Le goût de l’Un, (cité supra n. 12), p. 176.

  • 47 Id., Le grand œuvre, Paris, Seuil, 1984, p. 79.

  • 48 Id., Le goût de l’Un, (cité supra n. 12), p. 174.

  • 49 Ibid., p. 29.

  • 50 Pierre Emmanuel, Jacob, (cité supra n. 16), p. 153.

  • 51 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 118.

  • 52 Pierre Emmanuel, La face humaine, (cité supra n. 2), p. 184.

  • 53 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 156.

  • 54 Id., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 240.

  • 55 Id., Elégies majeures, dans Œuvre poétique, p. 263.

  • 56 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 150.

  • 57 Entendons « du centre le plus profond de son être » si Senghor l’utilise au sens biblique.

  • 58 Senghor L.S., Elégies majeures, dans Œuvre poétique, p. 262-265.

  • 59 Pierre Emmanuel, Autobiographies, Qui est cet homme ?, (cité supra n. 43), p. 121.

  • 60 Senghor L.S., « Le vert despotique », Elégies majeures, dans Œuvre poétique, p. 262.

  • 61 Pierre Emmanuel, Jacob, (cité supra n. 16), p. 138.

  • 62 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 152.

  • 63 Id., Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 183-187.

  • 64 Pierre Emmanuel, La face humaine, (cité supra n. 2), p. 186.

  • 65 « Les eaux symbolisent la somme universelle des virtualités ; elles sont fons et origo, le réservoir de toutes les possibilités d’existence ; elles précèdent toute forme et supportent toute création », explique Mircea Eliade, Images et symboles, essai sur le symbolisme magico-religieux, Paris, Gallimard, 1952, p. 199.

  • 66 « Chaque matin Senghor pense au suicide. Plus les années passent, plus le désespoir l’envahit », rapporte M. Dijan, in http://www.maisondesjournalistes.org/lire_senghor.php.

  • 67 Senghor L.S., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 244.

  • 68 Pierre Emmanuel, Le goût de l’Un, (cité supra n. 12), p. 39.

  • 69 Ibid., p. 213.

  • 70 Id., La face humaine, (cité supra n. 2), p. 270.

  • 71 « si j’avais un fils, […] j’aimerais que ces deux principes luttent et s’accordent en lui ; je le nommerais Pierre Emmanuel. Il serait pierre, mais Dieu vivrait en lui », Ibid., p. 197.

  • 72 Pierre Emmanuel, Autobiographies, (cité supra n. 43), p. 197.

  • 73 « Le souvenir de la mort qui m’habite, […] se transfigure et s’inverse, entièrement tourné vers la vie, en souvenir de Dieu », avoue Pierre Emmanuel, Choses Dites, Paris, DDB, 1970, p. 270.

  • 74 Id., La face humaine, (cité supra n. 2), p. 259.

  • 75 Senghor L. S., Elégies majeures, dans Œuvre poétique, p. 317.

  • 76 Id., Chants d’ombre, dans Œuvre poétique, p. 25.

  • 77 Id., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 235-236.

  • 78 Pierre Emmanuel, La face humaine, (cité supra n. 2), p. 250.

  • 79 Id., Sophia, (cité supra n. 15), p. 352.

  • 80 Senghor L. S, Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 173.

  • 81 Id., Chants d’ombre, dans Œuvre poétique, p 42.

  • 82 Ibid., p. 24.

  • 83 Id., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 244.

  • 84 Id., Chants d’ombre, dans Œuvre poétique, p. 25-26.

  • 85 Id., Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 173.

  • 86 Id., Hosties Noires, dans Œuvre poétique, p. 57.

  • 87 Id., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 240.

  • 88 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 121.

  • 89 Id., Hosties Noires, dans Œuvre poétique, p. 82.

  • 90 Id., Ethiopiques dans Œuvre poétique, p. 102.

  • 91 Id., Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 182.

  • 92 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 102.

  • 93 Id., Hosties Noires, dans Œuvre poétique, p. 87.

  • 94 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 136.

  • 95 Pierre Emmanuel, La face humaine, (cité supra n. 2), p. p. 253.

  • 96 Id., Tu, (cité supra n. 13), p. 408.

  • 97 Id., La face humaine, (cité supra n. 2), p. 270.

  • 98 Id., Tu, (cité supra n. 13), p. 263.

  • 99 « Pierre Emmanuel, qui fut l’homme de la parole, était aussi submergé par l’angoisse de la dire. Je me rappelle ses improvisations dans les Congrès de la revue Esprit, la voix qui s’élevait, prenait son rythme ample, et l’on n’écoutait rien d’autre, et lorsqu’il s’était tu, on n’avait envie d’entendre plus rien d’autre que le vent dans les arbres. Ses paroles portaient l’Être. Et elles ne venaient pas aussi facilement qu’on le croyait. Je l’ai aperçu quelquefois, arrêté devant la porte, la tête penchée, ne voulant rien dire, submergé par l’angoisse sacrée de la parole », rapporte Jean-Marie Domenach, dans « Et l’on n’écoutait plus rien d’autre que le vent dans les arbres », France Catholique-Ecclésia, n° 1971.

  • 100 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 129.

  • 101 Pierre Emmanuel, Jacob, (cité supra n. 16), p. 231.

  • 102 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 132.

  • 103 Pierre Emmanuel, La face humaine, (cité supra n. 2), p. 46.

  • 104 Senghor L.S., Hosties Noires, dans Œuvre poétique, p. 81.

  • 105 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 114.

  • 106 Id., Chants d’ombre, dans Œuvre poétique, p. 17.

  • 107 Id., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 99.

  • 108 Ibid., p. 157.

  • 109 Id., Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 172.

  • 110 Cet émerveillement est proche de l’adoration « à laquelle, une fois de plus, la voix vient à manquer à cause de l’excès du don », note Hans-Urs von Balthasar, dans La Théologie II, Vérité de Dieu, Namur, Culture et Vérité, 1995, p. 114.

  • 111 Pierre Emmanuel, Jacob, (cité supra n. 16), p. 72.

  • 112 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 114.

  • 113 Ibid., pp. 108-112.

  • 114 Pierre Emmanuel, Sophia, (cité supra n. 15), p. 220.

  • 115 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 109.

  • 116 Pierre Emmanuel, Jacob, (cité supra n. 16), p. 12.

  • 117 Id., Tu, (cité supra n. 13), p. 257.

  • 118 Senghor L.S., Ethiopiques, dans Œuvre poétique, p. 147.

  • 119 Id., Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 172.

  • 120 Pierre Emmanuel, Tu, (cité supra n. 13), p. 211.

  • 121 Id., Le monde est intérieur, (cité supra n. 14), p. 306.

  • 122 Id., La face humaine, (cité supra n. 2), p. 181.

  • 123 Id., Babel, Paris, Seuil, p. 290.

  • 124 Senghor L.S., Hosties Noires, dans Œuvre poétique, p. 96.

  • 125 Pierre Emmanuel, Sophia, (cité supra n. 15), p. 347.

  • 126 Senghor L.S., Lettres d’hivernage, dans Œuvre poétique, p. 237.

  • 127 Pierre Emmanuel, Sophia, (cité supra n. 15), p. 345-346.

  • 128 Senghor L.S., Elégies majeures, dans Œuvre poétique, pp. 267-270.

  • 129 Pierre Emmanuel, La face humaine, (cité supra n. 2), p. 260.

  • 130 Id., Choses Dites, (cité supra n. 73), p. 287.

  • 131 Senghor L.S., Nocturnes, dans Œuvre poétique, p. 184.

  • 132 Id., Elégies majeures, dans Œuvre poétique, p. 277.

  • 133 Pierre Emmanuel, La face humaine, (cité supra n. 2), pp. 219-228.

  • 134 Senghor L.S., Elégies majeures, dans Œuvre poétique, p. 288.

  • 135 Pierre Emmanuel, Le goût de l’Un, (cité supra n. 12), p. 89.

  • 136 Id., Choses Dites, (cité supra n. 73), pp. 172-173.

  • 137 Id., La face humaine, (cité supra n. 2), p. 148.

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