À l’horizon de la Parole. La théologie au défi de la phénoménologie de la vie de Michel Henry
Jean-Sébastien StrumiaThéologie - Recenseur : François Odinet
La pensée de Michel Henry a suscité des débats animés, et le présent ouvrage – issu d’une thèse de doctorat – prend position au sein de ceux-ci. Il entend contribuer à la réception de la « philosophie du christianisme » d’Henry dans le champ proprement théologique. Tout en exposant comment la phénoménologie du Christ est au cœur de la phénoménologie de la vie chez Henry, l’A. opère une véritable mise à l’épreuve de la dernière trilogie de celui-ci (C’est moi la Vérité – Incarnation – Paroles du Christ).
La lecture critique que l’A. propose de Michel Henry aborde des questions importantes, comme la prise en compte par Henry de l’histoire du Christ et de sa Pâque, ou encore son rapport à l’acte de foi – et donc, si l’on suit l’A., à la réflexion théologique. À ses yeux, Henry fournit davantage un éclairage sur les conditions dans lesquelles la parole divine peut être accueillie que sur le christianisme lui-même. L’A. concentre alors son propos sur une théologie qui mette au centre la « parole », plutôt que la « vie ». C’est dans cette optique, et tout en reconnaissant « l’impulsion » que la phénoménologie henrienne peut donner à la théologie, que l’A. propose à l’anthropologie théologique la notion de biologos pneumatikos dans sa dernière partie.
On peut se demander si le socle théologique des trois premières parties est d’ampleur suffisante pour mettre à l’épreuve une telle entreprise phénoménologique. On a par moments le sentiment que l’A. voit « la théologie chrétienne » comme un tout univoque aux contours évidents. Il s’agirait alors de distinguer ce qui, dans la phénoménologie d’Henry, est recevable ou non dans une telle configuration théologique. Une plus grande valorisation du pluralisme interne à la théologie chrétienne aurait-elle permis de percevoir davantage ce que la phénoménologie de Michel Henry offre et promet au travail théologique ? — F.O.