La tiédeur (acedia ou accidia) est un sujet
complexe et on l'a bien vu dans la journée d'étude sur ce sujet en
2004, écrit G. Angelini, professeur de morale. Notre temps est une
époque de nomadisme qui valorise les thèmes de l'exode et du désert
ou fait l'éloge du provisoire après tant d'années d'immobilisme
dans l'Église. On pressent où se trouve notre patrie, mais on n'en
éprouve aucune envie. Or il faut apprendre la nécessité spirituelle
de l'action et de la persévérance dans l'action, seul remède à la
tiédeur. Pour J.-Ch. Nault, bénédictin français, la tiédeur est un
obstacle à l'élan spirituel de l'amour. Évagre le Pontique, un des
Pères du désert, a le premier parlé de la tiédeur au IVe s. Pour
lui, elle est dégoût de ce que l'on a, désir de ce qui manque et
désir de changement, paresse, découragement, désir de quitter la
vie religieuse et la poursuite de la perfection de l'amour, etc.
Pour Thomas d'Aquin, elle est tristesse devant le bien divin et
dégoût d'agir. Pour Évagre, les remèdes sont les larmes du repentir
et la persévérance dans l'agir; pour Thomas, un agir animé par la
charité et qui réalise la communion avec Dieu. Pour son compte, R.
Vignolo, exégète, traite du thème johannique de «demeurer en Jésus»
comme antidote à la tiédeur qui désire perpétuellement le
changement. Pour finir, on peut se poser une question: comment
ranimer l'amour chez quelqu'un qui pense l'avoir perdu? D'où
viendra la flamme nécessaire pour faire repartir le feu? La
persévérance suffira-t-elle? - B.C.