Croisant expérience pastorale (curé, vicaire général) et activité enseignante à Asti et d’autres lieux, Vittorio Croce a publié de nombreux ouvrages concernant surtout la théologie dogmatique, avec le double souci de la rigueur académique et de la lisibilité. Le présent volume est l’actualisation d’une première édition parue en 1998 (sans explication, la bibliographie s’arrête à 2010). Si l’objet est, classiquement, celui de l’eschatologie, le contenu autant que la perspective, eux, sont renouvelés. En effet, les enquêtes montrent que seule la moitié des croyants adhère à la résurrection des morts (p. 9). De plus, la catéchèse traditionnelle traitait d’un au-delà de la mort, alors que le NT parle de l’attente actuelle de l’accomplissement final et cosmique de la manifestation christique : ce que le Christ a accompli par sa résurrection glorieuse, il nous « reste à l’accomplir pour nous » (p. 21). Il convient donc plutôt de partir « de la “soif” que Dieu a mise en nous » (p. 20). L’organisation des quatre parties du livre en découle. L’A. part de l’espérance chrétienne – telle qu’elle se déploie dans tout le NT – (1), fondée dans le Christ – tel que le raconte le Credo – (2). C’est seulement alors qu’il traite des questions qui occupaient presque toute la place des traités préconciliaires De Novissimis : mort, eschatologie intermédiaire, purification, enfer et paradis (3), en l’ouvrant à sa dimension universelle, la Communion des saints, et en faisant une incursion dans le monde des anges et des démons (4).

Le résultat est finalement bien plus classique que celui qui était promis, ce qui réjouira certains et décevra d’autres. Plus unifié que l’ouvrage de théologie sacramentaire de 2016 (recension dans la NRT 139, 2017), ce livre demeure encore juxtaposé plus que composé. De ce point de vue, l’on regrettera que la doctrine inédite et profonde de l’encyclique Spe salvi, évoquée en passant alors que, justement, elle traite des fins dernières (n^os 45s), n’ait pas été mobilisée pour renouveler du dedans l’approche eschatologique. — P. Ide