Contempler. Voici les vingt mystères, joyeux, lumineux, douloureux
et glorieux du «nouveau Rosaire». Contempler. Pour cela et pour
commencer la lectio de l'histoire sainte au pas à pas de Marie en
ses mystères égrenés aux jours de l'Emmanuel en notre Terre comme
au Ciel. Les quatre évangélistes sont convoqués. Vient alors sous
la plume cardinalice le poème de la meditatio, sans fioriture, de
foi simple, assurée, discrète aussi comme il convient à pareil
itinéraire aux sentes secrètes, aux carrefours imprévus, aux
gloires cachées. Puis, surprise! Une transposition latine, oratio
oblige, donne à ces mots quotidiens de nos chapelets communs leur
résonance liturgique: «Quinimmo laudetur Deus meus et Salvator
meus». Enfin, mais comme Dieu dit «Que la lumière soit!» peut-on
commencer par se laisser saisir, accourant de au-delà, par
l'incipit de la Fin! À chaque volet de droite de ces diptyques
mystiques, en abyme des «mots» de l'Histoire et des «choses» déjà
dévoilées à l'entendement suppliant, comme une déchirure, en
surcroît, contemplatio. Un envol lyrique de pures couleurs, toutes
en transparence lumineuse jusqu'en la ténèbre la plus obscure. Un
geste calligraphe fulgurant et d'infinie patience, libre, qui
invente son espace et y trace son propre chemin, soudain défini,
nécessaire. Ni représentation, ni commentaire mais comme des
paradisiers venus d'une constellation encore inexplorée, les toiles
de Kim en Joong nous sidèrent et nous donnent à «voir» comme la
manifestation en nous, aveugles que nous étions, les éclats de
l'Unique Mystère: «Lumière pour les nations et Gloire d'Israël son
peuple». En «point de fuite», pour une perspective toute
d'allégresse où l'âme exalte et l'esprit exulte, une dernière fleur
de feu: un Ave Maria. - J. Burton sj