Balthasar, Rahner. Deux pensées en contraste, éd. H.-J. Gagey et V. Holzer, préf. Mgr A. Vingt-Trois
Col.Théologie - Recenseur : Paul Detienne s.j.
Dans son étude sur la genèse de leur oeuvre, B. Sesboüé explique la manière dont R est sorti de la néoscolastique (au contact de J. Maréchal), alors que B n'y est pratiquement jamais entré. Ils sont tous deux motivés par des considérations pastorales, mais ils suivent des voies dogmatiques différentes: critique, systématique et anthropologique chez R, artistique et dramatique chez B. Leur sotériologie, interprétant différemment l'expression pour nous et pour notre salut, est à dominante soit rédemptrice (B), soit divinisatrice (R); ils définissent la Trinité soit comme kénotique (B) soit comme autocommunicante (R). Leur conflit se cristallise autour de la thèse rahnérienne des chrétiens anonymes et de l'idée balthasarienne de substitution, basée sur une vision d'Adrienne von Speyr: le Christ, le samedi saint, a subi la peine de l'enfer. Dans une seconde partie du livre Deux auteurs, deux styles de pensée, J. Greisch présente R découvrant la philosophie moderne; Ph. Capelle présente B «regagnant une philosophie à partir de la théologie»; V. Holzer les présente comme interprètes de l'Écriture: christologie transcendantale versus christologie de la Figure; M. Fédou les présente comme interprètes des Pères: leurs travaux sur Origène leur ont permis d'exposer leur propre pensée. Dans une importante dernière partie, A.M. Ponnou Delaffon montre comment la théologie du beau, chez B, rencontre les défis contemporains, tandis que Chr. Theobald, à partir du Manuel de théologie pastorale de R, évoque sa conception d'une Église de la diaspora, qu'il qualifie d'Église en genèse. Neuf interventions qui font montre, à l'égard des deux théologiens et de leurs différends, d'une égale admiration et d'une impartiale sympathie. - P. Detienne sj