C'est la miséricorde que je veux
Pierre d'Ornellas (Mgr)Spiritualité - Recenseur : Alain Mattheeuws s.j.
La miséricorde est un service mutuel : elle vient de Dieu, mais elle est exercée en Église (chap. 1). Les prêtres en sont des acteurs mais aussi des bénéficiaires : le sacrement du pardon en est un des signes privilégiés. Mais de nombreuses aides sont à offrir aux uns et aux autres, surtout pour « se relever » ou pour ne pas « tomber » (chap. 2). Il est nécessaire d'exercer cette miséricorde de manière ajustée, discrète et permanente. Les situations décrites sont rudes (addictions, renonciation au célibat, dépressions, solitudes), mais elles ne sont pas désespérées : l'évêque, les membres d'un même presbyterium, et surtout la sagesse et la charité du peuple sacerdotal sont des témoins et des acteurs incontournables des expressions de cette miséricorde divine.
Le chap. 3, ample et délicat, traite des prêtres « retraités ». Ces pages sont un joyau spirituel pour tous. Elles montrent les enjeux pratiques et fondamentaux de cette période décisive de notre vie sur la terre, et soulignent les étapes d'une évolution spirituelle des actions du prêtre âgé et la responsabilité de tous dans cet accompagnement. La miséricorde est ce dont vit le prêtre et ce dont il peut témoigner jusqu'au seuil de l'abandon final.
« La miséricorde l'emporte sur le jugement » (chap. 4) : telle est la thèse développée de manière originale en ce qui concerne les personnes condamnées pour agression sexuelle. Avec prudence et justesse, l'A. marque l'objectivité des mesures de l'Église, mais en montre aussi certaines apories et injustices. Peu de voix s'expriment avec nuances de cette manière. Des chemins de patience, de réintégration, d'humble service sont ouverts. La « tolérance zéro » est un concept : elle semble souhaitable, mais le réalisme évangélique doit pouvoir rencontrer en tout temps et en tout lieu une manière de guérir, fortifier et conduire ceux qui ont fait souffrir, mais qui souffrent aussi de ce qu'ils ont fait.
Le livre se termine en faisant mémoire de la vie et de l'intuition du père Lataste (chap. 5). Son charisme original demeure très actuel. N'est-il pas appelé à informer nos réflexions et nos actions ? Des prêtres et des évêques ont commencé des rencontres nouvelles pour vivre au mieux une « miséricorde pour notre temps ». C'est une leçon de sagesse et d'espérance que nous transmet ce livre. Voici un évêque dont la « paternité » est inscrite dans sa réflexion. - A. Mattheeuws s.j.