Centons homériques («Homerocentra»). Édit. A.-L. Rey

Patricius, Eudocie Côme de Jérusalem Optimus
Histoire de la pensée - Recenseur : R. Nirel
Les Centons homériques vont chercher dans les oeuvres d'Homère des vers entiers ou des demi-vers pour composer des paraphrases des évangiles ou de l'histoire du salut. Pourquoi avoir construit de telles oeuvres? parce que Homère était le grand modèle littéraire classique utilisé pour la formation grecque antique et que, dans la formation chrétienne, on voulait le remplacer par des modèles chrétiens en imitant de près son style et créer ainsi une littérature épique chrétienne. Les résultats furent moins bons en grec qu'en latin, où le même procédé fut utilisé avec les poètes latins.
Nous possédons 30 mss. de centons homériques souvent anonymes; le plus long (Parisinus) comprenant 2343 vers en 53 chapitres, un autre (Vaticanus), 1943 vers, et les suivants quelques centaines. A.-L. Rey, professeur à Genève et auteur d'une thèse sur le sujet, a choisi pour base 4 mss. principaux qu'il appelle R. L. et S., ce dernier regroupant deux mss. Devant l'incertitude des noms d'auteurs, il se limite à citer quatre d'entre eux, Patricius, Eudocie (ou Eudoxie), Optimus et Côme de Jérusalem, seule l'impératrice Eudoxie étant bien connue, décédée en 460, après un exil à Jérusalem pour adultère. Elle déclare elle-même avoir corrigé le texte de Patricius, mais sans préciser la nature de ses corrections. Dans sa doctrine christologique, on sait qu'elle fut d'abord favorable à Nestorius, mais se rapprocha de Cyrille d'Alexandrie après le concile de Chalcédoine (451).
Rey distingue les vers des centons, repris au texte homérique à partir de plusieurs vers modifiés ou non, et les vers homériques ou vers originaux d'Homère gardés dans leur état et contexte d'origine. Des vers identiques sont souvent utilisés pour des personnages et dans des contextes assez semblables. Avec Smolak, il distingue trois procédés de composition: la neutralisation, l'évocation d'un parallélisme et le contraste avec distanciation, fournissant une batterie de signes pour les signaler. Il base son édition sur le ms. L, qui est le plus complet et s'aide des trois autres dont nous avons parlé. Il s'attache surtout à préciser les relations des vers avec les textes d'Homère ou des évangiles et avoue qu'il reste beaucoup de travail pour les chercheurs en ce domaine. - R. Nirel.

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