Cristianesimo, libertà, democrazia, éd. M. Nicoletti

E.-W. Böckenförde
Morale et droit - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Professeur de droit dans quatre Universités allemandes successives et longtemps juge au tribunal constitutionnel allemand, le catholique qu'est B.E.W. nous livre ici sa pensée sur la religion et la politique. Loin de toute idéologie, il place la discussion sur son vrai terrain, la cohabitation pacifique entre citoyens dans la liberté et la justice. Il étudie particulièrement 4 domaines. I. Liberté, conscience autorité. L'état moderne est l'aboutissement d'un processus de sécularisation où le pouvoir politique s'est rendu indépendant du pouvoir religieux. La liberté de religion et de conscience y a joué un rôle central. La déclaration sur la liberté religieuse faite à Vatican II représente un tournant copernicien dans la position de l'Église: on est passé des droits de la seule vérité au droit de la personne humaine. Contrairement aux déclarations antérieures, le christianisme se comprend comme «la religion de la liberté» et l'Église admet que la liberté de conscience est «un droit naturel». Dès lors, l'Église accepte que le droit naturel peut changer ou du moins son interprétation par le magistère ecclésiastique. Il suit que l'infaillibilité pontificale se limite aux déclarations officielles faites ex cathedra et n'inclut pas les encycliques et l'enseignement ordinaire des papes. Si, sur un point, le magistère et le sensus fidelium s'affrontent, le magistère devrait prendre cette opposition au sérieux et revoir ses positions (on pense ici à l'encyclique Humanae vitae à propos de la pilule). Le magistère ne devrait pas être source d'ordres, de commandements, mais un dynamisme d'autorité-confiance, sans soumission aveugle, mais respectueux du jugement des personnes. En dehors des rares déclarations infaillibles, le magistère doit favoriser la conscience critique des fidèles. Hélas! Le Droit canon (752) a de nouveau exigé «un assentiment religieux de l'intelligence et de la volonté» au magistère papal et épiscopal en matière de foi et de morale. On nie ainsi tout espace à l'exercice de la raison autonome qui seule peut aider l'autorité religieuse à revoir ses positions, comme ce fut le cas pour la liberté religieuse. II. L'Église et l'État moderne. L'Église a aidé à désacraliser le pouvoir et à proclamer la dignité infinie de la personne humaine, mais elle a freiné la liberté religieuse et la propriété individuelle. L'A. distingue État neutre et État laïc. L'Église peut aider indirectement l'État en prônant l'obéissance, la solidarité, le sacrifice. III. Éthique, droit naturel et justice. La démocratie a besoin d'une éthique démocratique qui accepte les principes de la démocratie: liberté, égalité, acceptation de la majorité, défense de la démocratie. Il faut arriver à éviter le drame de la dictature nazie qui a eu accès démocratiquement au pouvoir. L'A. met au point quelques idées sur le droit naturel chrétien. Il précise qu'il n'est pas question de rejeter le droit naturel, mais affirme que celui-ci est toujours à redécouvrir et à réinterpréter selon les circonstances changeantes.
IV. Le problème de la théologie politique. Le message chrétien n'est pas politique. Il est l'annonce du salut, sans moyens politiques pour le faire accepter. Mais tout discours théologique a des effets politiques puisque la politique intervient dans presque tous les domaines de la vie humaine. L'Église allemande aurait-elle dû proclamer la désobéissance face à certains ordres nazis? Elle n'a jamais voulu répondre à cette question. Que penser des théologies de la libération? L'A. précise sa pensée à ce propos ainsi qu'au regard d'autres problèmes qui ont secoué l'Église.Ce résumé donne une idée sur les richesses de ce livre et la pensée forte, structurée, équilibrée de l'A. On souhaiterait trouver d'autres juristes de cette trempe pour équilibrer la pensée des théologiens et des canonistes en vue du plus grand bien de l'Église. - B. Clarot sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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