Inutile, et néfaste, de se « mettre la tête dans le
sable » ! Nous sommes, depuis les années 60, entrés dans
une nouvelle époque culturelle. La diffusion des
« savoirs », les « communications » les plus
quotidiennes, les réseaux sociaux, l'e-commerce et bien d'autres
« services » s'organisent mondialement et constituent un
empire tentaculaire pour le meilleur et le pire. Comme pour toutes
les innovations qui jalonnent notre histoire, dira-t-on !
C'est vrai. Aussi s'agit-il de ne pas s'y perdre et d'en mesurer
les enjeux. C'est ce à quoi se consacre le livre très informé
(l'abondante bibliographie anglo-saxonne et italienne en fait foi)
d'Antonio Spadaro, directeur de la revue jésuite
la Civiltà cattolica, responsable de l'interview du
pape François en août 2013. Le titre du livre nous invite à repérer
les défis que le christianisme (comme ensemble cohérent de
doctrines et de pratiques) se doit de relever pour cohabiter
harmonieusement avec ce contrôle social mondialisé que représente
la « toile » des connexions et des réseaux qu'elle
héberge. Ce livre sera, si pas indispensable, au moins très utile
au lecteur, informé ou encore novice. Les facilités (très
chronophages souvent) que le web procure ne doivent pas cacher les
dérives, parfois criminelles, qu'il cache dans ses filets.
Compétent, ouvert et critique aussi, l'A. nous introduit à la
découverte
des hardware et software, parfois
« orwelliens », mais surtout à la réflexion en profondeur
de ce qui est « en question » pour nous : Église
« liquide », « surplus cognitif/surplus de la
grâce », « réseau « eucharistique » »,
« présence virtuelle »,
« connexions/communion »… et la liste serait longue à
décliner entièrement. Qu'il nous suffise de souligner le caractère
fondamental de la réflexion engagée et la nécessité de ne pas en
minimiser les dimensions proprement anthropologiques,
philosophiques et théologiques que cette appropriation éclairée
doit fédérer. Un livre passionnant et « branché » à
fréquenter sans réserve. - J. Burton s.j.